PORTRAIT :
Charles Relecom,
beaucoup d'affect dans le moteur
PUBLIÉ LE 5 Juin 2017
Charles Relecom, PDG de Swiss Life France, est l’invité du Petit déjeuner Off de La Lettre de l’Assurance, le 20 juin prochain. Voici son portrait.
Charles Relecom est né à Bruxelles, en Belgique, le 29 août 1953. Ses parents s’installent alors que Charles à 9 ans, à La Hulpe, au sud de Bruxelles, à côté de Waterloo. « C’était la campagne ! La rue n’était pas pavée, en face de la maison il y avait un étang et partout autour des prairies », confie-t-il, prenant le temps de rassembler ses souvenirs pour répondre aux questions.
Là, Charles Relecom s’épanouit avec… les copains. « Je suis fils unique – mais j’espère de ne pas en avoir les défauts – mais les familles autour des chez nous étaient de grandes familles. J’ai toujours vécu avec des amis… On faisait des cabanes dans les bois, on jouait, on vivait des aventures : c’était la vie », résume-t-il.
Les rencontres et les moments partagés guident le parcours de vie de Charles Relecom. Chaque grande étape est marquée par une rencontre, qui débouche souvent sur une solide amitié. « Je vois encore des amis d’enfance ».
Même si les copains « c’était la vie », celui qui est maintenant patron de Swiss Life en France se lance dans la vie professionnelle très jeune. Animé par une grande curiosité et une soif d’apprendre, ses années d’études et son entrée dans la vie active se mêlent rapidement. Avec un père assureur, commercial salarié à la Winthertur qui a gravi les échelons et a fini inspecteur, il se confronte rapidement au monde de l’assurance. « C’était une compagnie avec un pouvoir marketing très fort. Je me souviens de voir mon père préparer beaucoup ses rendez-vous avec ses clients. Il a toujours mis beaucoup d’importance dans la préparation des visites et sa connaissance des clients », raconte-t-il. Une façon de faire qu’il conservera et mettra en application… rapidement.
Une ambition« devenir actuaire et diriger une boîte »
Charles Relecom se questionne sur son avenir vers 17 ans. Il se demande alors quoi faire et trois voies l’intéressent, trois métiers de contacts à des niveaux différents.
« Je voulais devenir notaire, actuaire, ou médecin », énumère-t-il, « mais médecin de famille, hein », précise-t-il tout de suite. « J’avais un ami – que j’ai toujours – qui est notaire. Lui, son père était notaire et j’ai compris que le mien ne l’était pas », s’amuse-t-il. La filiation étant très forte dans la profession, il regarde ailleurs. « Médecin, ça m’aurait bien plu. Il n’y avait pas de médecin dans la famille, mais notre médecin était un type sympa, un baroudeur qui avait été médecin dans la brousse, qui roulait en Mercedes 280 coupé, une bagnole formidable… Je me suis dit ça, c’est intéressant. J’aimais bien le contact. Mais le reste a pris le dessus tout de suite. »
« Le reste » dont parle Charles Relecom, c’est une vie de jeune adulte déjà bien remplie, et une forte envie de devenir actuaire. Oui, actuaire, « mais pas actuaire de laboratoire », explique-t-il.
« J’ai toujours bien aimé les maths et j’ai toujours été curieux de la mécanique tarifaire, de comment on calculait les tarifs. Mon père m’a amené un jour chez un fondé de pouvoir de la Winterthur – qui est devenu le grand patron d’ailleurs – et j’ai passé une demi-journée avec lui. Il m’a appris et m’a montré l’actuariat. Quand je suis rentré, j’ai dit : ok, moi je veux être un actuaire, comme métier de base, pour comprendre la matière et pour manager, et après, je deviendrai patron de boîte. »
Après cette révélation, il court voir son professeur de mathématiques « qui est devenu un ami et que je vois encore régulièrement » et lui demande le parcours à suivre pour devenir actuaire. Il fait une licence de mathématiques puis les trois ans d’actuariat, un niveau doctorat bac + 7 en Belgique à l’époque.
À la fois étudiant, professeur, vendeur d’assurances… et de voitures !
Si le parcours – et l’ambition – ne manquaient pas d’originalité, Charles Relecom en rajoute une : il décide de financer ses études, alors même que sa famille est relativement aisée.
« Pour financer mon doctorat, je donnais des cours au collège-lycée où j’étais passé, ce qui fait que j’étais le collègue de mon ancien prof de math ! », détaille-t-il, en conservant ce mélange de sérieux et de détachement. « Je vendais également des assurances-vie et des voitures ». Tout en même temps ? « J’avais 18 heures de cours au lycée, j’avais demandé à les avoir le matin. L’après-midi je suivais mes cours et le soir, je vendais soit des contrats d’assurance de la Winterthur, soit des BMW (lire BMV, prononcé à l’allemande ndr) ».
Même son service militaire ne se passe pas normalement. « J’allais commencer mon service militaire, j’ai demandé ce qu’il y avait d’intéressant à faire. J’ai eu du bol, parce qu’il faut un peu de baraka dans la vie. L’armée voulait créer un ‘bac militaire’, dont le diplôme aura la même valeur que le diplôme d’État. La structure existait pour les premières années, mais l’armée n’avait pas les dernières, avant le bac. J’ai monté une école de candidats sous-officiers. Du jour au lendemain, j’ai eu le grade de commandant, alors que je n’ai jamais porté l’uniforme. J’avais un colonel au-dessus qui dirigeait la caserne que nous avions reçue. La moitié était pour l’école que j’ai dû équiper. J’ai repris les programmes et même certains profs de mon ancien collège. L’autre partie était militaire, c’était des commandos, des ‘castards’ », décrit-il. « Je suis resté un peu plus de deux ans, le temps d’emmener au bout une classe de bachelier. Et nous avons reçu l’homologation ».
Charles Relecom a alors 25 ans et déjà plusieurs vies professionnelles derrière lui. Mais ses certitudes se peaufinent. « C’est là que j’ai compris une autre chose : la motivation dépasse largement les capacités intellectuelles des gens. Je dis toujours qu’un type intelligent, c’est un type paresseux, il faut équilibrer la vie privée et la vie professionnelle ».
Mille passions à (deux) cent(s) à l’heure
Si travailler trop ce n’est pas un signe d’intelligence, que penser d’un étudiant qui multiplie les postes professionnels ? « J’ai toujours mis en place des trucs qui n’existaient pas. Je suis entré chez Swiss Life en étant le premier actuaire de la boîte. En 1984, j’ai monté un réseau international à Zurich… » Et ainsi de suite.
Puisqu’il place haut les motivations, quelles sont les siennes dans sa vie personnelle ? « Les enfants ! Le couple, bien sûr, et les enfants avant tout ». Et les amis. « J’ai établi des relations personnelles fortes dans tous les pays où je suis passé. Il y a beaucoup de patrons en France que j’ai connus il y a des années ». Il parle quatre langues (Anglais, Français, Néerlandais et Allemand), même s’il reconnaît « ne plus pratiquer le Néerlandais et avoir perdu l’Italien ».
C’est par passion du contact qu’il a vendu des voitures. Charles Relecom revient sur cette expérience un brin amusé mais clairvoyant. « J’aime bien la vente. Evidemment, quand je vendais des contrats d’assurance avec des garanties de décès et invalidité, c’était sérieux. Les voitures, c’est une passion. Vendre des voitures c’était pour le fun. » Tout commence « bêtement ». « Le type qui vendait les BMW vendaient aussi des contrats d’assurance pour mon père. C’est à lui que j’avais acheté ma première voiture, à 18 ans. J’ai vendu des voitures pour lui, puis le patron de la concession m’a dit un jour : écoute, tu en vends tellement, on va t’ouvrir un compte ». La période faste est lorsqu’il est enseignant, au collège. Il a alors 22 ans et commente : « les profs arrivaient en deux chevaux et ils finissaient en Série 5 », s’amuse-t-il.
Les voitures, c’est une grande passion de Charles Relecom. Elle commence alors qu’il est adolescent avec le prof de mécanique du collège. « Derrière le collège, il y avait de vieilles voitures. Le prof passait son temps à démonter des moteurs et les remonter avec les élèves, j’adorais ça. La mécanique me passionne. » Il possède cinq voitures. Une BMW (évidemment) « un cabriolet 650 avec quatre roues motrices pour monter au chalet, et plutôt des voitures anciennes ».
Il sort alors son téléphone et fait défiler les photos. Il possède ainsi une Jaguar Type E série 1 de 1962 , une Mercedes Pagode 230 SL de 1967 et une Jaguar XK 140 cabriolet (avec conduite à droite). Il confesse d’ailleurs avoir roulé le week-end de l’ascension avec cette voiture « avec laquelle je roule même dans les chemins de terre ».
« Je suis un collectionneur, mais pas pour la valeur ! Je m’en fous qu’elles perdent de la valeur. Dans mon échelle de valeur, si une voiture est détruite, ce n’est pas grave ! Mais le plaisir de conduire… L’été je ne roule qu’avec ces voitures là », affirme-t-il. L’humain passe toujours avant l’objet. « Ces voitures attirent les regards et les sympathies. Si je roule en Ferrari, ce n’est pas pareil. Là, les enfants, les parents viennent me parler, et ça, j’aime beaucoup ».
Paradoxalement, une autre grande passion de Charles Relecom est… la nature. Il vit en Suisse, dans les Alpes, pratique la photo, la randonnée et la randonnée à ski. « L’hiver, on part du chalet et on monte mille mètres, pour atteindre le restaurant. Parce qu’il me faut le restaurant pour monter ». Moins de vitesse, certes, mais un nouveau défi pour le patron de Swis Life France qui reconnaît « ne pas avoir besoin de dormir beaucoup ». Il aime aussi les montres et les porte en rotation avec une différente chaque semaine, a arrêté le bateau par manque de temps, se passionne pour l’art et la photo et garde un affect très fort pour tout ce qu’il fait. Avec, toujours, une forme de discrétion et de pudeur.
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