PORTRAIT :
Gilles Dupin,
tranche de vie

Gilles Dupin, PDG de Monceau Assurances, est l’invité du Petit déjeuner Off de La Lettre de l’Assurance, le 8 janvier 2019. Voici son portrait.

Le rendez-vous était fixé au restaurant crétois rue Saint-Petersbourg, en face des bureaux de Monceau Assurances. Nous croisons Gilles Dupin dans la rue, sortant d’un taxi quelques minutes avant l’heure prévue.
Il nous rejoint finalement une quinzaine de minutes après, pour un entretien de préparation sur fond de musique crétoise, dans une ambiance eau pétillante, chaleur humaine et plats ensoleillés.
Une pause originale et bienvenue dans ce début du mois de décembre.

Gilles Dupin est un né dans le 14e arrondissement de Paris, le 1er février 1955, mais il grandit dans l’actuel quartier de l’Europe, dans le nord du-est du 8e arrondissement. « Mon arrondissement, mon village c’est là, à 200m d’ici », explique-t-il en balayant l’air du bras pour donner la direction. « Ce n’était pas le même quartier à l’époque, c’était très populaire », s’amuse-t-il. Son père est ouvrier au chemin de fer, sa mère est secrétaire.
Issu d’un milieu modeste, il va à l’école rue de Bruxelles avant d’entrer au « Petit Lycée Condorcet. C’était le collège. Et puis je suis allé au grand lycée Condorcet… C’est mon quartier ici ! », résume-t-il.
Enfant, Gilles Dupin a déjà un trait de caractère fort bien connu du secteur de l’assurance : « j’ai toujours été très libre de paroles, mais ça ne m’a pas toujours servi », lance-t-il pour expliquer comment il s’était fait « virer » des scouts.
Son passage chez les scouts ne créé pas de vocation, à part celle de passer du bon temps avec les copains. Les relations amicales sont une composante importante du personnage.
Passionné de football, il pratique notamment dans l’association sportive du lycée. « On jouait à Bagatelle, sur des terrains pourris, on était pleins de boue ! Ma grand-mère nettoyait mes chaussures et mes lacets, qui étaient toujours impeccables ! », se souvient-il. Il tente le rugby, comme talonneur, mais une mêlée écrasée le blesse aux cervicales. Il décide, par prudence, d’arrêter.

Facteur X

En parallèle du sport, il y a l’école, véritable « ascenseur social » pour Gilles Dupin.
« J’avais la chance d’être bon. En seconde, je n’avais aucune idée de ce que je ferai, mais j’étais bon en math, en physique, donc j’ai fait une ‘sup’ et une ‘spé’ et je suis entré à Polytechnique… Dix ans avant, je ne savais même pas ce que c’était ! », détaille-t-il.
Gilles Dupin raconte plus que la réponse à la question initiale. Il évoque ainsi son grand frère, « un artiste, qui a fait l’école Boulle », puis reprend le cours de son histoire. « Une fois que vous entrez en prépa, on vous oriente. En sup/spé, je me disais que j’allais être ingénieur. Et puis j’ai passé le concours pour l’X… ».
Gilles Dupin essuie les plâtres à Palaiseau, où Polytechnique vient de s’installer. « On est arrivés sur un chantier, mais j’en garde un souvenir excellent : je n’ai jamais autant joué au foot ! », lâche-t-il dans un rire. Capitaine de l’équipe, la scolarité lui plaît. Comme il est marié, il ne vit pas sur le campus mais habite Orsay, faute d’un bâtiment pour les élèves mariés. « Au début, j’y allais en mobylette. Mais je me la suis faite voler, ensuite j’y allais en voiture. Il n’y avait rien là-bas, c’était des champs de betteraves » !
Comme très souvent dans le monde de l’assurance, la rencontre avec la matière se fait un peu par hasard. « Je me posais la question de ce que j’allais faire en sortant. Un soir, quelqu’un est venu présenter le service du contrôle, mais madame Sylvia Kristell avait convié toute la promotion en grand uniforme pour Emmanuelle 2 ! J’avais vu le 1, ça ne m’intéressait pas trop, donc je suis allé écouter la présentation et je me suis dit tout de suite : ‘Voilà, c’est ce qu’il me faut’ ! »
Malgré cet intérêt, Gilles Dupin préfère l’armée et particulièrement la gendarmerie. Par camaraderie, il laisse pourtant la place à un élève de l’X moins bien classé que lui et prend la seconde place du contrôle des assurances avec… Jean-Paul Faugère, l’actuel président du conseil d’administration de CNP.
Il fait Sciences Po, passage obligatoire en entrant au Contrôle. La matière assurance lui plaît beaucoup et peut-être le doit-il en partie à son professeur à l’école de la rue Saint-Guillaume, un certain… Claude Bébéar ! « C’est un homme exceptionnel. J’ai fait mon stage à Mutuelles Unies, rue de Rome, lors de mon passage au Contrôle », révèle-t-il.

Victoire belge

Gilles Dupin bascule alors sur sa carrière professionnelle. « J’ai pris la tête de Victoire Belgium. Une boîte dans un état déplorable, une tâche dans e groupe Victoire qui était un groupe bien géré. J’étais volontaire pour y aller, on m’a pris pour un fou, mais en 4 ans nous l’avons redressée ! »
Avec les rachats et l’arrivée d’UAP, les choses se compliquent. « Ils m’ont gardé mais l’UAP m’avait donné un droit de présentation et un droit de véto d’un actionnaire futur. J’avais envie d’être racheté par AXA, donc j’ai poussé le dossier, connaissant Claude Bébéar… »
Il quitte finalement le groupe peu après et se ressource en acceptant l’offre de Monceau, « parce que j’avais besoin de retrouver mes racines d’enfant. En arrivant ici, je suis revenu dans mon quartier. Au début, comme j’habitais Bruxelles, je dormais chez mes parents ! Bon, ils m’ont rapidement fait comprendre que mes horaires étaient incompatibles avec les leurs », rit-il.
En phase de reconstruction, Gilles Dupin peut compter sur l’ampleur de la tâche qui l’attend chez Monceau pour s’occuper. Il croise, peu de temps après sa nomination, Claude Bébéar, encore, qui lui confie : « ‘Tu sais, ce que tu as fait en Belgique, par rapport à ce que tu as à faire là, c’est de la rigolade !’ Je ne sais pas comment il a pu avoir ce niveau d’information sur le groupe… »

Chez Monceau, Gilles Dupin découvre également la chasse, qu’il pratique  régulièrement le week-end quand il ne le passe pas à travailler. Il consacre aussi son temps libre à ses enfants et à quelques passions, comme Tintin, la philatélie et… la placomusophilie. Il n’est pas le seul dans le secteur de l’assurance à collectionner les plaques de muselet, aussi appelées à tort des « capsules » de champagne, cidre ou bière.
Mais à l’écouter parler, nous sentons que Gilles Dupin est un grand passionné du secteur de l’assurance et, de son métier, sur lesquels il jette un regard à son image : unique.

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