PORTRAIT :
Pierre ESPARBÈS,
la nouvelle vague
PUBLIÉ LE 3 Avril 2019
Pierre Esparbès, DG du groupe SMA, est l’invité du Petit déjeuner Off de La Lettre de l’Assurance, le 17 avril 2019. Voici son portrait.
Le rendez-vous a lieu dans le nouveau siège de SMA, aux portes sud de Paris. Un soleil printanier illumine le grand bureau d’Annabelle Grandjean, la directrice de la communication qui nous accueille. Dès son arrivée, Pierre Esparbès enlève sa veste et se met à l’aise.
Le regard est direct mais la voix très calme, posée, parfois hésitante, souvent enjouée. Le directeur général du groupe SMA ne finit pas toujours ses phrases. Difficile de dire s’il est passé à l’idée d’après ou s’il se rend compte qu’il se dévoile trop…Au final, il reconnaît que « c’est très personnel ! Je ne parle jamais de moi normalement, mais comme vous me questionnez sur mes passions… » Une façon de se jeter à l’eau.
Pierre Esparbès est né à Versailles, « par pur inadvertance », le 17 décembre 1973. Par inadvertance, car fils d’un dirigeant du Crédit Agricole, il passe une jeunesse « à beaucoup déménager », au gré des caisses régionales.
Il aurait ainsi pu naître à Orléans, Saint-Etienne, Nantes.
« Plus vous déménagez et plus vous gardez un point d’ancrage fort. Le mien, ce sont mes racines, c’est le Sud-Ouest », confie-t-il d’emblée.
La famille est en effet originaire de Toulouse, mais possède une maison dans les Landes, sur les bords de l’Atlantique, à Vieux-Boucau-les-bains. C’est le lieu des rassemblements familiaux, tous les étés. Les études se déroulent au gré des installations et se terminent à Paris, où Pierre Esparbès fait lycée et prépa.
Enfant, il rêve d’être « inventeur ». « On m’a expliqué que ça n’existait pas. J’étais surpris, il y avait bien des gens qui inventaient des choses… C’est un trait de ma personnalité », conclut-il. Pour assouvir sa passion, il démonte des réveils, réalise quelques programmes informatiques. « Tout le monde a démonté des réveils, non ? », questionne-t-il. « J’avais 7-8 ans, j’aimais regarder comment ça fonctionnait, et je les remontaient ensuite. En fait, je démontais tout ce qui était un peu mécanique ».
Au grand dam de sa mère, tous les réveils de la maison y passe. Et pas que…
« Mon fait d’arme ? J’avais créé un système d’alarme dans ma chambre. Dès que quelqu’un essayait de rentrer dans ma chambre, ça sonnait. Il était imparable ! Ma mère essayait de le contourner mais elle n’y parvenait pas », lâche-t-il en souriant, assez fier finalement d’avoir imposé ces inventions à toute la famille !
Inventaire d’inventeur
La logique est posée. « Finalement, je ne suis pas devenu inventeur ». Il laisse un silence. « J’ai deux enfants, je n’ai plus beaucoup de temps libre ».
Sa scolarité s’oriente évidemment vers l’ingénierie. « En prépa, j’avais le choix entre la finance, une filière vers l’industrie ou le BTP. J’ai choisi le BTP. »
Un choix par goût. « La construction, c’est que du prototype, il n’y a pas deux constructions pareilles, c’est très créatif et ça me plaisait ».
Sa première véritable expérience pro se passe à Hong-Kong, sur de gros projets internationaux.
« C’était passionnant », lance-t-il, encore émerveillé plus de 20 ans après, et ajoute : « vous allez me demander pourquoi j’ai arrêté… ».
« Il y a deux événements très sérieux, deux accidents, qui m’ont beaucoup touchés. » Dès lors, se lancer dans un programme de BTP à l’international demande réflexion. Une vie de voyage, de chantiers et de risques s’ouvre alors devant Pierre Esparbès. Qui choisit de rentrer en France.
S’il ne l’exprime pas de cette façon, c’est un déchirement pour le jeune ingénieur. Mais il se lance méthodiquement dans son avenir professionnel. Pour tourner la page et s’assurer des vacances paisibles à cette occasion.
« J’ai pris la liste des jobs proposé à l’école dans l’ordre, et puis le premier où j’ai été retenu, je l’ai pris, avec la contrainte de n’arriver que dans quatre mois. C’est comme ça que je suis entré chez SMABTP. Par pur hasard ».
Il est pris sur le premier entretien, toutes les conditions sont acceptées. Il prend ses quatre mois de vacances et arrive chez SMABTP avec la perspective de voir, se disant que « ça durera, 4 mois, un an ».
Il ne connaît pas du tout l’entreprise mais s’est assuré un avenir.
Il avait imaginé la finance, mais pas du tout l’assurance. Et pourtant.
Prendre la bonne vague
Enfant et adolescent, Pierre Esparbès ne fait pas que démonter et remonter des machines. Il fait aussi du sport, et un en particulier, qui le transforme quand il en parle : le surf.
« Oui, j’ai fait du sport. Avec mes racines dans les Landes, j’ai fait… je fais du surf depuis tout petit », dit-il, comme une forme d’aveu, comme s’il avait attendu la question.
« Je fais partie des premiers surfeurs en France. J’ai commencé tout petit. Il n’y avait pas grand monde sur les plages des Landes, il existait quelques planches en France », raconte-t-il.
Pierre Esparbès est dans son élément. L’originalité de ce sport, son image décalée sont pourtant bien loins de la réalité connue de quiconque s’y est essayé !
« C’est ingrat. Les périodes pendant lesquelles vous pouvez pratiquer sont très très courtes. Quand vous débutez, sur deux heures, les vrais moments de pratiques c’est une à deux minutes. Vous ne pouvez pas vous tester, contrairement aux autres sports… »
Difficile, exigeant, le surf demande beaucoup de travail et de patience, ce qui ne l’a pas rebuté.
« J’ai atteint un niveau ‘pas trop mal’, à tel point – il ne faut pas le dire – de devenir surfeur pro. En trouvant des sponsors, ça aurait pu marcher… À l’époque, les marques françaises naissaient juste », explique-t-il. Question de timing, mais il ne s’arrête pas pour autant.
Passions de l’enfance
Il surfe toujours, « un mois l’été, dans les Landes », l’apprend à ses enfants « parce qu’il faut commencer jeune », et retrouve à cette occasion comme une nouvelle famille, de nouvelles racines. « À Vieux-Boucau, tous les surfeurs me connaissent, les gens… Voilà, ça c’est mon univers ! »
Ses premières années de travail sont d’ailleurs consacrées à parcourir le monde, pendant ses congés.
« J’ai fait à peu près le tour du monde à cause de ce sport, j’ai fait à peu près tous les spots, pendant une dizaine d’années ». à la question de savoir quel est son plus beau souvenir, il n’hésite pas un instant. « Ma plus belle vague ? Parce que c’est ça en fait, il y a des moments magiques en surf… C’était au Sri-Lanka, sur la plage d’Arugam Bay. C’était une session avec un copain australien que j’avais rencontré à Hong-Kong. Il n’y avait personne, les vagues étaient énormes, il faisait beau, avec un coucher de soleil magnifique. C’était parfait, parfait », raconte le DG de SMA, qui vous emmène alors avec lui sur sa planche…
Sud-Ouest oblige, Pierre Esparbès a aussi pratiqué le rugby, mais il a arrêté. Il reste le ski, « mais ce n’est pas le même plaisir que le surf… Je prends du plaisir, c’est bien, mais ce n’est pas du tout la même chose ».
La question de conclusion, sur le week-end idéal de Pierre Esparbès, est un piège pour… l’intervieweur ! « Je ne sais pas, je n’idéalise pas beaucoup. J’aime le printemps, le bricolage, le jardinage, les enfants, un barbecue… » Il reconnaît « bricoler beaucoup. J’adore ça ».
Rien de plus naturel pour le dirigeant qui conserve et poursuit les passions de son enfance.
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