PORTRAIT :
Fabien Wathlé,
homme à droit

PORTRAIT : Fabien Wathlé, homme à droit
PORTRAIT : Fabien Wathlé, homme à droit

Fabien Wathlé, directeur général d’Allianz France, sera l’invité du Petit déjeuner Off de La Lettre de l’Assurance le 20 septembre 2023. Voici son portrait.

Un rendez-vous dans la tour Allianz One permet de prendre de la hauteur. Beaucoup. Mais une rencontre avec Fabien Wathlé remet rapidement les pieds sur terre. En chemise, mobile sur sa chaise, des yeux bleus perçants derrière de larges lunettes et un sourire en coin, le directeur général d’Allianz France parle à voix modérée, ses phrases s’éteignent parfois dans sa moustache, mais il se prête au jeu du portrait avec malice, une grande franchise et beaucoup de rires.« En fait, je suis un type très banal », prévient-il en fin d’entretien. À nous de voir.

Fabien Wathlé est né le 8 février 1962, « en Alsace, dans le Bas-Rhin, dans un tout petit patelin qui s’appelle La Walck », précise-t-il. Il prend soin d’épeler le nom du village, situé au nord d’Haguenau, à une trentaine de kilomètres de Strasbourg.
Il insiste sur l’Alsace et en profite pour envoyer une pique à son directeur de cabinet, manifestement lorrain. Les deux hommes rient des « français de l’intérieur », dont nous faisons partie… Il explique : « Quand mon grand-père parlait de la France, après Strasbourg, il disait ‘la France de l’intérieur’ et c’est encore très utilisé. »
C’est donc dans cette France de l’extérieur que grandit l’actuel directeur général d’Allianz France. Pas à La Walck, mais à « Mertzwiller. Il faut s’entraîner pour le dire, mais l’écrire c’est encore plus compliqué », s’amuse-t-il. Puis il épelle le nom de la commune.

Droit dans ses cours

Il fait ses études en Alsace et termine son cursus « à la faculté de droit de Strasbourg. J’étais un étudiant absolument brillant ». Était-ce le cas de toute sa scolarité ? Il rit encore, mais prend son temps pour préparer sa réponse. « Je ne sais pas comment je vais dire ça. Il paraît que j’étais un bon élève, j’avais un an d’avance. C’était un peu plus compliqué dans le secondaire, je me suis plus amusé. Et puis une vraie passion est née à la fac de droit. Ça été une révélation », précise-t-il, jetant un voile pudique sur ce secondaire pendant lequel l’adolescent a (bien) profité.
De ses ambitions d’alors, il n’a pas de souvenir, sauf de son choix pour le droit qu’il lie à autre chose qu’une ambition professionnelle. « J’ai fait un bac scientifique, ce n’était pas complètement logique d’aller en droit. Mais il y avait une espèce de fascination romantique pour les étudiants en droit je pense. Je ne suis pas un romantique et la vision est tombée très vite. Mais rapidement, la matière en elle-même m’a accrochée. J’en parle encore avec émotion, j’ai vraiment aimé ça ».
Le bac en poche, à 17 ans, Fabien Wathlé quitte le foyer familial, a un petit appartement à Strasbourg où il entre à la fac. « J’ai passionnément aimé la fac, l’ambiance de fac. Je suis un pur produit de l’université française », annonce-t-il avec fierté. « Ça ne se fait plus, mais les deux premières années, les professeurs venaient en robe, avec l’hermine. Il n’y a plus ce folklore là », regrette-t-il. Et ça lui réussit. Il se spécialise en droit des affaires et finit major de sa promo. « À partir de la deuxième année, j’ai des amis qui ne voulaient pas passer après moi à l’oral », se souvient-il en riant.

C’est un paradoxe. Fabien Wathlé nous a prévenus qu’il n’aime pas parler à la presse, pas non plus se mettre en avant. « L’oral c’était juste des épreuves. J’ai une mémoire d’éléphant et je travaille beaucoup. Comme j’ai très peu de talent, il faut que je compense par le travail », lance-t-il. « C’était comme un jeu. J’utilisais des méthodes à l’époque, mais je serai incapable de le refaire ».
Le droit colle avec son état d’esprit et le forme. « Contrairement à ce que pensent les gens, le droit est très cartésien, c’est très construit. On m’a appris que chaque problème, même le plus compliqué qui puisse exister, se traite en deux grandes parties, elles-mêmes séparées en deux sous-parties. Ça m’a formaté et les collaborateurs peuvent attester que j’ai encore cette approche très cartésienne des choses », avant d’asséner : « Ce ne sont pas des effets de manche le droit. C’est de l’expertise et de la construction mentale. »

Finance par la banque

Sa maîtrise (Master 1 aujourd’hui) en poche, il poursuit avec un DESS (Master 2) banque-finance où se concrétise son choix de la finance. « Je ne savais pas trop quoi faire comme métier, je savais que c’était dans la finance. C’était une petite section, quinze personnes, triées sur le volet, avec des gens qui venaient de Science Po, de sciences éco, d’un peu partout. Dans les matières, il n’y avait qu’un tiers de droit et surtout du droit bancaire, mais aussi de la compta, de l’analyse financière, analyse des bilans, financement international… Très naturellement, avec le stage obligatoire que j’ai fait en banque – je crois à la Banque Populaire – ça m’a amené dans cette filière », précise-t-il.
Ce sera le début d’une carrière bancaire, au Crédit Agricole, puis dans une filiale du Crédit Lyonnais. Il rejoint l’assurance et Swiss Life France en 1995, Allianz France à partir de 2010. Ses postes sont très financiers au début. Asset management et banque privée chez l’assureur suisse, puis la banque pour commencer chez l’assureur allemand. Il évolue aux côtés de Jacques Richier, jusqu’à prendre la très stratégique direction des opérations et de la transformation, puis la succession du patron d’Allianz France à la direction générale. L’assurance n’était pas une évidence et il revient sur une anecdote, lorsqu’on lui demande de décrire des objets de son bureau. « J’ai eu des moments forts dans ma carrière d’assureur ». Il présente un trophée en verre, signé d’Allianz Outre-Mer… « J‘étais en charge de l’indemnisation pour l’outre-mer et nous sommes allés aux Antilles à l’époque d’Irma. Je crois que j’ai commencé à aimé l’assurance ce jour là. Il y a tout le sens du métier, les gens comprenaient pourquoi ils s’étaient assurés… Nous avons indemnisé un milliard au total », évoque-t-il.

Chopin et famille

En dehors du travail, la grande passion de Fabien Wathlé est le piano et surtout Chopin, dont il dit être « un grand fan ». Il commence la pratique très jeune, « à 4 ans », à la faveur de circonstances familiales. « Nous avions un oncle qui était un grand joueur d’orgue donc j’ai rapidement eu des cours particuliers. Je ne joue plus maintenant, je n’ai plus le temps… », regrette-t-il. Arrivé en région parisienne en 1994, il n’a pas de nostalgie de sa région d’origine, où il retourne « deux à trois fois par an », même s’il revendique ses origines alsaciennes.
Question sport, la réponse est simple : « rien ! Je n’aime pas ça mais mon médecin trouve que c’est dommage. Je lui réponds toujours que je ne sais pas lequel choisir », et il rit. Il confesse tout de même prendre le temps de marcher le week-end avec sa femme, avec qui il fête 42 ans de mariage.
Le week-end idéal est familial. « On reçoit nos trois enfants et six petits-enfants, tous en même temps ! » Fabien Wathlé se dit aussi amateur « de bons vins et de whiskies ». Son médecin y trouverait sans doute quelque chose à redire, mais Fabien Wathlé est comme ça : franc et direct.
En un mot, cartésien.

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