PORTRAIT :
Guillaume Borie,
à l'asso !

Guillaume Borie, directeur général d'Axa France, sera l'invité du Petit déjeuner Off de La Lettre de l'Assurance le 15 janvier 2024. Voici son portrait.

PORTRAIT : Guillaume Borie, à l'asso !
PORTRAIT : Guillaume Borie, à l'asso !

Guillaume Borie, directeur général d’Axa France, sera l’invité du Petit déjeuner Off de La Lettre de l’Assurance le 15 janvier 2024. Voici son portrait.

Le rendez-vous a lieu à Nanterre, dans les hauteurs de l’immeuble des Terrasses, siège d’Axa France, alors qu’un froid soleil d’hiver se couche. Guillaume Borie nous reçoit dans une salle de réunion sobre qui jouxte son bureau. En costume sombre et chemise blanche, avec un grand sourire qui ne le quitte pas, même quand la discussion se fait plus sérieuse. Son débit de parole est rapide pour dérouler une vie avant et en parallèle d’Axa.

Guillaume Borie est né le 21 mars 1986, à Mont-Saint-Aignan, commune de la banlieue rouennaise, en Seine-Maritime (76). Dans cette ville se trouve « l’une des plus grandes maternités de France je crois mais ce n’est pas pour ça que je suis né là, c’est le hasard pur des mutations professionnelles de mes parents », prévient-il, agrémentant cette première réponse d’une touche d’humour.
Fils unique, de parents cadres dans l’Éducation nationale « et pas enseignants comme j’ai pu le lire parfois », il grandit en réalité à Lyon. « Mes parents sont stéphanois tous les deux. Ils ont rapidement été mutés à Lyon, ce qui nous rapprochait de la famille », confie-t-il. Nous ne résistons pas à la question : « Oui, j’ai été un assuré MAIF et MGEN », répond-il dans un grand rire, « ce n’est plus le cas depuis longtemps, mais je n’ai jamais réussi à faire changer mes parents d’assureurs », s’amuse-t-il. C’est dans la capitale des Gaules qu’il passera toute sa jeunesse, avant de partir pour Marseille suivre ses études post-bac.
Éduqué dans un cadre propice, Guillaume Borie reconnaît volontiers avoir « toujours adoré l’école. J’aimais y aller, j’aimais apprendre mais j’avais un énorme défaut : j’étais indiscipliné ». Son avantage, c’est d’être un « bon élève. Mais je passais mon temps à bavarder et à faire des tas de choses d’agitation collective », comme il les nomme. Il ne détaille pas mais précise que « ça a valu quelques convocations à mes parents au fil des années. J’ai eu deux ennuis un peu plus pénibles, mais rien de grave, juste un peu d’insolence », lâche-t-il dans un nouveau rire.
À la maison, Guillaume Borie se souvient avoir été plutôt sage et discipliné, au point de se demander s’il a fait une crise d’adolescence. Mais il admet volontiers que le lycée était la meilleure période de ses études, qu’il a encore des amis de cette époque.
Les bavardages et l’indiscipline ? « C’était mon côté social ! ». Ça et un besoin de ne jamais s’ennuyer, une forme d’hyperactivité réelle, alors que le terme aujourd’hui est souvent mal employé. « Je jouais tout le temps, et à des choses très différentes quand j’étais enfant, pour m’occuper. Après, je me suis mis à la lecture et surtout, je passais beaucoup de temps avec les potes, énormément même, notamment au collège et lycée. Tout mon temps libre était consacré à mes groupes d’amis. »

Social et travailleur

Cette énergie débordante et cette activité sociale le portent dans le monde associatif. Dès son arrivée au lycée, il entre au Parlement européen des jeunes, « une association et pas une institution », présente dans une quarantaine de pays européens. « L’objectif principal est de faire vivre à des jeunes entre 15 et 18 ans, une expérience de vie parlementaire européenne. Pendant 3 à 4 jours, nous sommes réunis avec des jeunes d’autres nationalités, et ils travaillent pour écrire des textes parlementaires. Il faut débattre pour défendre ses idées, tout ça dans un environnement très international », résume-t-il. « C’était une expérience absolument incroyable avec des gens d’une quarantaine de pays. J’ai trouvé ça génial ! Je suis allé à Prague, j’ai rencontré des jeunes de toute l’Europe dont certains sont toujours aujourd’hui des amis », explique-t-il avec un réel enthousiasme. Après avoir suivi le parcours, il devient responsable de la région Rhônes-Alpes puis occupe la présidence de l’association. Il la quitte à 21 ans, quand il prendra de nouvelles responsabilités.
Cette association répond à toutes les attentes de Guillaume Borie à l’époque : l’engagement, la dimension sociale, l’échange et le débat intellectuel et… la politique !
C’est sa grande passion « depuis le collège », confie-t-il. « Nous avions souvent des dîners familiaux et on parlait de politique. Je crois que j’ai épuisé mes parents en voulant regarder tous les débats et les émissions politiques à la télévision », rit-il.
Eux ne sont pas particulièrement engagés, mais Guillaume Borie est attiré par cet univers. « En première et terminale, j’avais visité Sciences Po à Lyon et j’avais vu des métiers en lien avec la politique ».
Pourtant, il reconnaît qu’à l’adolescence, c’est plutôt l’informatique qui l’attire. « Comme souvent dans le parcours français, on m’a mis dans un bac scientifique. J’aimais beaucoup les maths, mais la SVT, c’était l’enfer ! » Système éducatif toujours, il se souvient avoir eu, en terminale, « deux profs exceptionnels, en Histoire et en Philosophie, et ça a achevé de me dire que c’était un univers passionnant ». Au grand dam de son professeur de mathématiques, il entre en prépa littéraire. « Mon objectif c’était vraiment de découvrir de nouvelles choses. Je me suis vite rendu compte que la prépa m’emmenait vers les métiers de l’enseignement, et ça ne me disait rien. En demandant conseil à des professeurs, ils m’ont un peu tous répondu : ‘entre à Normal Sup et tu te poseras les questions ensuite’. J’ai suivi leurs conseils, et j’ai complètement raté mon concours », raconte-t-il sans une pointe d’amertume.
Pas question pour autant de « cuber » sa prépa. Il s’inscrit en master à la fac d’Histoire d’Aix-Marseille, notamment pour préparer l’entrée à Sciences Po Paris. Année scolaire 2005-2006 marquée par la tentative de mise en place du CPE par le gouvernement de Dominique de Villepin. « La fac a été l’une des plus mobilisée, je ne suis quasiment pas aller en cours de l’année », explique Guillaume Borie. Il en profite pour beaucoup travailler pour l’association et préparer son concours. Il le passe à l’été 2006, « et je l’ai raté ». Cette fois, il persévère et décide de rejoindre Paris, s’inscrit à la Sorbonne toujours en Histoire, et réussi son concours d’entrée.

Politiquement rebuté

À la rentrée 2007, Guillaume Borie conserve son envie de politique et va pouvoir la mettre en pratique. Le rythme n’étant pas très soutenu rue Saint Guillaume, « je me suis dit que j’avais deux ans de Master et si je ne faisais que ça, j’allais vite m’ennuyer… ». Déjà un peu engagé en politique, des proches l’encouragent à devenir assistant parlementaire. « J’ai postulé et passé quelques entretiens avec des députés, dont l’un m’a proposé une espèce de mi-temps ou ¾ temps », se souvient-il. Sciences Po lui aménage sa scolarité pour un master en 3 ans et Guillaume Borie entre à l’Assemblée nationale. Après deux ans, il rêve finalement de rejoindre… la diplomatie française, au Quai d’Orsay.
Un changement loin d’être anodin. « Quand j’ai vu de l’intérieur, j’ai été beaucoup moins attiré par la politique », justifie-t-il après un temps de réflexion pour peser ses mots. « Et autant mes parents étaient détendus sur beaucoup de sujets, autant ils me répétaient en boucle : ‘tu ne vas pas faire ça de ta vie ?’ ». Il laisse le monde politique sans regret et se lance donc vers les affaires étrangères. Mais ce n’est pas si simple. « Je ne parlais pas de langues étrangères exotiques, je ne pouvais pas passer le concours externe de cadre d’Orient. Le mieux était de passer par l’ENA », explique-t-il. Cette préparation lui demande du temps. Il quitte l’Assemblée nationale après deux ans de travail mais doit tout de même effectuer un stage d’un semestre pour valider sa dernière année de master. « Je cherchais du côté du Quai d’Orsay, mais mon professeur de droit public m’a dit que l’idée était complètement idiote : ‘tu n’apprendras pas plus de choses là bas, alors que tu ne connais pas du tout le monde de l’entreprise, tu vas le découvrir et tu auras des choses différentes de tes camarades à raconter lors de ton grand oral’ », cite-t-il.
Il se met en quête d’un stage, et au détour d’une soirée avec des amis, une jeune femme lui parle d’Axa, où elle travaille, et qui cherche des stagiaires. « Et voilà comment je suis tombé dans la marmite », conclut-il dans un grand sourire.

Chaudron… de cuisine

Il est une marmite – nous dirions même un Chaudron – dans lequel Guillaume Borie n’a pas plongé : le stade Geoffroy Guichard de Saint-Étienne. Et pourtant…
« Du côté paternel, c’est une famille de sportifs ! Mon grand-père était joueur à l’ASSE à la fin des années 30, à l’époque où ce n’était pas un grand club pro, mais c’était déjà un joli club. Son nom est au Musée Geoffroy Guichard et c’est la fierté familiale. Dans la famille, tout le monde a fait du foot », raconte-t-il, avant d’admettre : « J’ai baigné là-dedans mais je n’ai pas touché un seul ballon de foot de ma vie. C’est catastrophique. Si j’en touche un ça fait peur », s’esclaffe-t-il.
Il le reconnaît sans ambages, il n’est pas sportif. Bien sûr, il est incité à faire du sport quand il est enfant. Il s’essaie au basket, mais ça ne lui plaît guère, se trouve plus à l’aise à la natation, mais arrête en entrant en prépa, faute de temps.
Il ne pratique pas non plus la musique et c’est un regret. Il s’y mettra peut-être un jour, s’il trouve le temps.
Ce qui occupe Guillaume Borie pour ses rares temps libres, c’est le monde associatif. Depuis le Parlement des jeunes, il s’est occupé d’un groupe de réflexion appelé « Les belles feuilles » qui s’occupait de questions européennes. Il cite deux invités brillants « qui m’ont marqué : Jean-Louis Bourlanges et Pervenche Berès ». « L’association existait avant moi, elle a continué après moi », reprend-il. Et c’est chez Axa qu’il a découvert celle qui la fait vibrer aujourd’hui et dont il parle avec beaucoup de cœur et de passion : Orchestre à l’école. « L’association est soutenue par Axa et j’avais été invité à la soirée de gala qui se tenait au siège du groupe. J’ai trouvé incroyable ce qu’ils faisaient. » L’association est régionale et compte 1 400 orchestres partout en France. Le principe est simple, elle équipe en instruments de musiques des établissements scolaires sans distinction de niveau social ou de localisation géographique, en fonction des projets des professeurs. « Les parents sont invités à revenir à l’école et pour des sujets positifs, sans qu’ils reçoivent de reproches ou qu’ils en aient à distribuer… », explique-t-il non sans une pointe de fierté. Enseignants, enfants et parents y gagnent, sans oublier le tissu économique local pour l’entretien des instruments, les cours de musique.
Rapidement séduit, il s’investit dans l’association qui ne demande que ça. Orchestre à l’école est alors présidée par Véronique Weill, membre du board du groupe Axa. Comme trop souvent dans le monde associatif, il n’y a pas de candidat pour prendre la présidence de l’association au moment où Véronique Weill veut passer la main. Elle incite Guillaume Borie à lui succéder, ce qu’il accepte.
Avec toutes ces activités, comment passer le peu de temps libre qui lui reste ? « Le week-end idéal, c’est à la campagne, avec des amis, du bon vin et un bon repas que je cuisine, car j’adore cuisiner. C’est ma seule échappatoire », répond-il instantanément. « Je ne jardine pas, je ne sais pas faire mais quand je cuisine, je ne peux pas penser à autre chose. Et ça me fait du bien ». La pause d’une vie très bien remplie.

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