PORTRAIT :
Nicolas Denis,
découvertes en bancassurance verte
PUBLIÉ LE 30 Avril 2024
Nicolas Denis, directeur général de Crédit Agricole Assurances, est l'invité du Petit déjeuner Off de La Lettre de l'Assurance le 14 mai 2024.
Nicolas Denis, directeur général de Crédit Agricole Assurances, est l’invité du Petit déjeuner Off de La Lettre de l’Assurance le 14 mai 2024.
La rencontre avec Nicolas Denis est une première. Premier directeur général de Crédit Agricole Assurances à accepter l’invitation au Petit déjeuner Off de La Lettre depuis 10 ans, première fois que nous oublions de mentionner que le rendez-vous de préparation sert aussi à faire le portrait. Malgré tout, dans la salle de réunion à la vue imprenable sur Paris, Nicolas Denis se raconte sans se départir de son sourire, n’omet aucun détail et conclut en avouant : « Dans nos parcours, nous sommes habitués à parler de nous ». Voici son portrait.
Nicolas Denis est né le 30 août 1967, « pas très loin d’ici à Boulogne-Billancourt, en face des usines Renault ». Il y grandit et y passe les premières années de sa scolarité, avant de déménager dans le 16e arrondissement de Paris.
« J’étais un élève très studieux : premier de la classe, félicitations tous les ans, le bac avec mention très bien », explique-t-il. Il est alors au lycée Jean-Baptiste Say, mais ne sait pas réellement quel métier il exercera plus tard.
« J’ai bien aimé ma scolarité. Je ne sais pas si c’était facile mais j’étais comme ça, je travaillais beaucoup, j’étais plutôt le ‘polard’, premier de la classe à lunettes », se souvient-il dans un rire. Il se dit enfant solitaire, « c’était lecture et musique classique dans ma chambre », s’amuse-t-il.
Il pratique le piano dès l’âge de 6 ans, avant d’arrêter faute de temps à l’âge adulte. « J’aimerais m’y remettre », confie-t-il. À l’inverse, il arrête le sport très jeune avant de s’y remettre sur le tard ! « Enfant, j’ai vaguement essayé le judo, et je n’ai pas aimé. Mes parents m’ont mis à un sport collectif, mais je n’ai pas aimé non plus », détaille-t-il. « Je me suis mis au sport l’année de la naissance de mon fils. À ce moment, je me suis dit que si je continuais sur cette pente, je ferais 150 kilos passé 50 ans ! », rit-il franchement. « J’ai choisi la natation, c’était la seule chose que je savais faire », lance-t-il dans un nouveau rire, avant d’expliquer : « je savais à peu près faire du vélo, je détestais courir… ». Depuis cette période, il nage régulièrement, jusqu’à trois fois par semaine, pour s’entretenir.
Très bon élève, Nicolas Denis postule à des prépas scientifiques et poursuit sa scolarité à Henri IV, toujours à Paris. Là, les choses se corsent. « C’était trois années difficiles. Je suis passé de la deuxième division à la Champion’s League », illustre-t-il avec cette métaphore footballistique. « La prépa, c’est compliqué pour tout le monde je pense », ajoute-t-il. Il s’accroche et entre à l’ENSAE, « la meilleure chose qui me soit arrivée parce que c’est une école qui a le mérite d’être très ouverte sur le monde, très ouverte sur l’économie », commente-t-il aujourd’hui. Il découvre de nouvelles matières et prend goût à des éléments plus financiers, « plus liés à la vie réelle ». Après des années de théorie, la pratique prend forme. Au point de s’intéresser « progressivement aux métiers de l’assurance ». Nicolas Denis explique : « c’est devenu une vocation quand j’ai fait de l’actuariat. Je n’avais pas du tout envie de de travailler sur les marchés financiers, alors que dans ma promo, probablement 80% sont partis traders et près de 20% ont fait du consulting. Il y avait quelques assureurs. » Il cite notamment Renaud Dumora, actuel président de BNP Paribas Cardif.
L’assurance de découvrir des métiers
Il sort diplômé en 1992 et « le marché du travail n’est pas comme aujourd’hui ! » De son propre aveu, ses camarades de promo et lui « galèrent un peu ». Il fait son service militaire et gagne un an, avant d’envoyer des candidatures. Il est pris au GPA, parmi d’autres propositions, pour faire de l’assurance et de l’actuariat. « Ça m’a plu tout de suite, sans doute le côté ‘polard’ à lunettes qui revenait », s’amuse-t-il encore.
Il fait de l’actuariat en assurance de personnes, plutôt sur la valorisation dans le temps des portefeuilles vie. Deux ans après, GPA lui propose un poste de responsable marketing et développement. Nouveau changement, nouvelle découverte et… nouvel enthousiasme. « Je me suis régalé », confie-t-il, « car je me suis rendu compte que j’étais plutôt fait pour le développement que pour les chiffres et l’actuariat ! » Il se forme à cette nouvelle discipline et structure le service quand GPA est racheté en deux blocs par les AGF et Generali. Logé dans la partie qui prend l’accent italien, Nicolas Denis décide de ne pas rester. « Un chasseur de tête est venu me chercher pour me proposer un poste chez Finaref, une filiale de PPR, pour m’occuper de l’activité assurance et développer l’assurance emprunteur ». Il saute le pas et accède à un poste « hybride, mais c’est ce que je préfère » où il faut tout structurer en plus de développer l’activité.
« Ils cherchaient quelqu’un qui pouvait à la fois les aider sur la partie développement et sur la partie actuariat. J’ai trouvé ça très amusant et je me suis découvert un goût pour l’entrepreneuriat qui ne s’était pas encore exprimé ».
L’équipe est alors de quatre personnes, ils seront une centaine lors de son départ.
Peu à peu Nicolas Denis entre au comité de direction, prend des responsabilités d’abord à la direction marketing et clientèle direct, puis les partenariats. Entre temps, Finaref a été rachetée par le Crédit Agricole et un nouveau monde s’ouvre : la banque.
Banque et territoires
Le groupe bancaire lui propose d’évoluer et lui ouvre le parcours de direction générale. Adjointe d’abord, et il devient, en septembre 2008, directeur général adjoint de Crédit Agricole Centre-Est. La crise financière commence et il se souvient que « du discours de Nicolas Sarkozy à Toulon » pour son premier jour. Le président de la République annonce alors que les banques françaises devraient tenir le choc, mais dans une banque de territoire, il faut faire face à des clients parfois très remontés. « Tout le monde disait que nous étions à l’origine de la crise financières, nous étions le diable, nous avions conduit le monde à sa perte. Je me souviens d’une conférence avec Rémi Weber (PDG de La Lyonnaise de Banque) où nous nous faisions insulter… Nous nous levons et nous disons : ‘nous sommes fiers d’être banquiers !’ C’était des moments assez marquants », raconte-t-il sans se départir de son sourire.
La banque, ce nouvel univers, lui plaît. Après cinq ans dans la caisse Centre-est, il rejoint le LCL comme directeur général adjoint pour un peu moins de trois ans.
Puis Nicolas Denis accède au parcours de direction générale et se retrouve, pendant sept ans, à la direction de la caisse Normandie-Seine. Il ajoutera en fin d’entretien : « je place l’humain et le management des équipes au cœur de mes préoccupations ».
« Les DG de caisses ont des fonctions dans l’organe central mais aussi dans les conseils d’administration et des fonctions dans des comités et des commissions », détaille-t-il.
Forcément, son passé d’assureur le rattrape et ce n’est pas pour lui déplaire. « Comme on dit, assureur un jour, assureur toujours ! Je suis entré aux conseils d’administration des compagnies : Prédica, Pacifica et Crédit Agricole Assurances. Et dans la gouvernance, le président est toujours un DG de caisse régionale. Je suis devenu président de Pacifica et la présidence tournante a fait que je suis devenu président de Crédit Agricole Assurances entre juillet 2020 et juillet 2022. »
De quoi connaître parfaitement l’assureur ? « Quand on est au conseil, on ne connaît pas parfaitement la maison, on ne la connaît que vue d’en haut », rétorque-t-il dans un sourire.
Nommé DGD en 2023, il devient directeur général début 2024.
Après des débuts d’assurance, Nicolas Denis revient à ce métier. « Je n’étais pas persuadé de revenir dans l’assurance, mais j’en avais très envie. Après un certain temps, je me disais que s’il y avait un autre métier à faire dans le groupe, ce serait celui-ci », confie-t-il.
De retour à Paris après un quinzaine d’années à Lyon et Rouen, il avoue qu’il « se sent de moins en moins parisien ». La famille est restée installée en Normandie, et lui pose peu à peu ses bagages dans la capitale. « Ça m’a fait beaucoup de bien d’être en dehors de Paris et de découvrir ce que c’est que l’économie de la France et l’économie au-delà du périphérique », rit-il. « Au Crédit Agricole, on comprend assez vite que la France n’est pas Paris ! »
Les bons week-ends se passent en famille et à la maison, « si possible avec tout le monde, le temps de faire du sport, de découvrir un lieu », lance-t-il. « Sinon, c’est un week-end dans une capitale européenne, avec une soirée à l’Opéra, des musées jusqu’à plus soif ». De découvertes en découvertes.