PORTRAIT :
Bruno Angles,
en vies de découvertes

PORTRAIT : Bruno Angles, en vies de découvertes
PORTRAIT : Bruno Angles, en vies de découvertes

Bruno Angles, directeur général du groupe AG2R La Mondiale, sera l’invité du Petit déjeuner Off de La Lettre de l’Assurance le 24 novembre 2022.
Voici son portrait.

La rencontre avec Bruno Angles se fait dans la salle du conseil d’AG2R La Mondiale, boulevard Malesherbes. Un soda sans sucre, pêché mignon du directeur général, et la discussion peut commencer. Elle sera riche et efficace.

Bruno Angles est né le 14 novembre 1964, à Paris, dans le XVe arrondissement.
Il ne reste pas longtemps dans Paris, car dès l’âge de 7 ans, toute la famille part pour Luxembourg.
« J’ai passé 10 ans au Luxembourg, de 7 à 17 ans », explique-t-il. Son père est en poste au Parlement européen, et les enfants suivent une scolarité « à l’école européenne de Luxembourg qui accueillait des élèves de tous les états membres ».
« Il y avait une particularité : à partir de la classe de 4e, nous suivions les cours d’histoire et de géographie en langue étrangère et avec un professeur étranger. J’ai donc étudié les deux guerres mondiales avec des professeurs allemands. L’Histoire est la même, mais certains épisodes ne se racontent pas du tout de la même façon », détaille-t-il.
Bruno Angles se définit comme un « bon élève, mais un peu rebelle ». Son fait d’arme, c’est une grève d’une semaine lancée dans son lycée. Il décrit l’anecdote, en précisant que ça nous plairait.
« En 1981, j’ai mis mon lycée en grève, pour une véritable injustice. J’ai orchestré, déclenché cette grève qui a été reprise dans les journaux locaux. Le Républicain Lorrain en avait parlé d’abord dans les pages intérieures, puis avait fait un article avant d’en faire la une. Mon père n’était pas très content… », s’amuse-t-il après coup. La grève dure une semaine mais la mise en avant du mouvement par la presse donne gain de causes aux élèves.
« L’injustice me révolte. Ma mère qui a le même sens contre l’injustice que moi me soutenait, mon père beaucoup moins. Mais comme ça a duré une semaine, c’est rentré dans l’ordre », résume-t-il.
Très bon élève malgré tout, et même « si ce n’est pas facile de répondre humblement à cette question », il obtient son bac en 1982, avec une moyenne record pour les écoles européennes. Une fierté vite battue en brèche lorsqu’il arrive au sein du fameux lycée Sainte-Geneviève de Versailles, dit Ginette.
« J’ai obtenu le bac avec une moyenne de 93,72 sur 100. C’était à l’époque le record de toutes les écoles européennes. Je vous raconte ça parce qu’il y a la deuxième partie de l’histoire… Je rentre en prépa à Ginette et on m’explique que sur les 5 maths sup’, il y avait 3 fortes et 2 faibles. C’était déjà particulier… Je suis placé en sup’ faible, parce que l’école internationale du Luxembourg, c’est sympa mais bon… les élèves passés avant moi n’avaient pas toujours réussi. Aux cours des premières épreuves, en maths et français, je me retrouve 40e et 42e sur 45 ! », raconte-t-il.

De découvertes en défis

C’est un vrai changement d’environnement pour Bruno Angles, et pas seulement sur les résultats scolaires. Mais travailleur et déterminé, il remonte dans le classement « jusqu’à finir premier de la classe ».
Pour la première fois, il part loin de sa famille. « Mes parents avaient conscience que nous n’habiterions plus jamais sous le même toit, mais moi j’étais focalisé sur les cours. Je ne me rendais pas compte de la distance. C’était plus inconfortable pour moi dont les parents étaient à l’étranger – même un étranger ‘proche’ – que pour les parisiens », se souvient-il.
Pour le jeune Bruno Angles, c’est « un saut dans l’inconnu. Il avait fallu montrer patte blanche pour entrer à Ginette. Le premier soir, on était dans la grande salle. On se levait et on disait le lycée d’où l’on venait. Avec mon nom de famille, je suis appelé dans les premiers. Je dis ‘école européenne de Luxembourg’ et me rassoit. Après moi, ils étaient 40 à venir de ‘Franklin à Paris’… mais je n’avais aucune idée de ce que c’était ! Pourtant, je venais de Luxembourg, j’avais la richesse d’avoir fait des cours d’histoires en allemand, d’avoir vécu et parlé dans des environnements polyglottes », mais il n’est pas (encore) dans les réseaux d’influence, comme le lycée fameux « Franklin » de Paris.
Néanmoins, il découvre à Ginette « une communauté de vie » et se fait des « amitiés fortes et profondes ». Après un silence, il livre une anecdote de plus : « Il y a quelques semaines, un de mes camarades de classe a organisé un petit événement avec le père Gilbert, un des pères jésuites de Ginette à l’époque. Il envoie un mail pour nous dire : ‘je fais un petit truc pour fêter le 40e anniversaire de notre entrée à Ginette’. J’ai lu le mail et me suis dit : ‘il s’est trompé, c’est le 30e’ et non, ça fait vraiment 40 ans ! »
À la sortie de Ginette, il entre à Polytechnique. Une prépa scientifique pour une école d’ingénieur, « parce que ma mère ne voulait pas que je fasse de politique et a tout fait pour m’orienter vers une prépa scientifique », confie-t-il.
Adolescent, il voulait en effet être… « président de la République, et faire l’ENA ». Ce sera donc l’X, comme un vrai choix, « parce que le champs des possibles est beaucoup plus large, et que c’est très important pour moi ».
Mais il en faut sans doute plus pour décourager Bruno Angles. Dans les années 90, il se frotte à la politique à Rennes, où il est élu au conseil municipal. « J’étais dans l’opposition (centriste) à Edmond Hervé, ce qui n’était pas une sinécure », s’amuse-t-il. « À l’époque, Pierre Méhaignerie me poussait beaucoup pour que je sois un successeur du député centriste dans la 3e circonscription d’Ille et Vilaine. C’était une circonscription imperdable. J’ai longtemps hésité et j’ai décidé de choisir, après un début de carrière comme haut fonctionnaire, le monde de l’entreprise plutôt que la vie élective. C’était la décision la plus difficile de toute ma vie mais je n’ai pas de regret », explique-t-il.
Ainsi s’arrêtent les ambitions politiques de Bruno Angles, et commence sa vie professionnelle qui le mènera du ministère de l’équipement à AG2R La Mondiale en passant par Vinci Energies, groupe Macquarie ou encore Crédit Suisse.

Multivies

Autant de secteur d’activités et de métiers, d’équipes et d’environnement à découvrir. Parce que Bruno Angles confie avoir soif de découvertes.« À 25 ans, je me suis dit que c’était dommage de n’avoir qu’une seule vie. » Il sait exactement combien de vies il avait besoin.« Si j’avais eu 5 vies, j’aurais fait des choses très très différentes. Une vie élu, en étant célibataire pour ne pas l’imposer à d’autres. Une autre vie de célibataire et pour devenir prêtre, et trois autres vies pour faire du business dans des métiers avec une carrière plus classique. Comme on n’a qu’une vie, j’ai toujours caressé l’idée d’essayer d’avoir plusieurs vies en une seule, dans la limite du possible et du raisonnable », explique-t-il sur le ton de la confidence.
« Pour comprendre ma carrière un peu originale, il faut imaginer qu’à intervalles périodiques, je fais un pas de côté pour sortir de ma zone de confort pour aller vers un univers un peu adjacent, rencontrer des gens différents, des problématiques différentes et essayer de comprendre comment on peut réussir dans ces univers différents des précédents ».

À l’X, Bruno Angles choisit le rugby et devient même capitaine de l’équipe. « C’est un sport passion. C’est la quintessence du sport d’équipe, avec un assemblage de talents. Dans le volley, le foot, tout le monde se ressemble un petit peu. Au rugby, les qualités requises sont différentes d’un poste à l’autre », explique-t-il avec ferveur. L’ancien demi d’ouverture a maintenant arrêté de jouer mais pas de suivre le ballon ovale.
Son sport, maintenant, c’est le golf. Il en parle avec la même ferveur et y tient beaucoup.
« Je travaille plus chez AG2R LA MONDIALE que j’ai bossé dans mes autres postes, en tout cas en régime permanent. Je le fais avec passion, mais j’essaye de garder chaque week-end une demi-journée pour jouer au golf. Je prends le temps d’éteindre mon portable et de me focaliser sur autre chose. L’un des gros avantages du golf, c’est qu’on peut continuer à progresser à tout âge. L’autre avantage c’est qu’on peut jouer avec des gens de niveaux très différents sans que ce soit gênant.
Très peu de sport le permettent. Et on peut progresser à tout âge : j’ai joué mon premier Eagle (trou en 2 sous le par) cette année, à 57 ans ! »
Sans surprise, le golf fait partie d’un week-end idéal de Bruno Angles, qu’il décrit après un long silence. « Ce serait un week-end avec mon épouse, mes 4 enfants, ma belle-fille, mes deux petites filles, dans un bel endroit au bord de la mer, qui puisse permettre de consacrer une demi journée au golf, mais aussi faire beaucoup de choses en famille et profiter de ressources gastronomiques de l’endroit qu’on aurait choisi ». Une pause dans un environnement connu, pour se ressourcer.

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