PORTRAIT :
Fabrice Staad,
la mélodie d'équipe

Fabrice Staad, directeur général d’Alan France, est l’invité du Petit déjeuner Off de La Lettre de l’assurance le 10 octobre 2024.

PORTRAIT : Fabrice Staad, la mélodie d'équipe
PORTRAIT : Fabrice Staad, la mélodie d'équipe

Fabrice Staad, directeur général d’Alan France, est l’invité du Petit déjeuner Off de La Lettre de l’assurance le 10 octobre 2024.

Fixé récemment, le Petit déjeuner Off de Fabrice Staad ne pouvait se faire sans un portrait en bonne et due forme. Un rendez-vous est rapidement organisé au siège d’Alan, quai de Valmy, dans ce coin de Paris à l’ambiance piétonne et vélo-cargo agréable qui correspond assez bien avec l’assureur. Pour le reste, c’est très classique mais le directeur général d’Alan sait réserver quelques surprises.

Fabrice Staad est né à Colmar, le 3 juin 1980, « comme Tom Cruise », s’amuse-t-il.
Coïncidence qu’il prend le soin de vérifier à la fin de l’entretien, « parce que ça fait des années que je le dis mais imaginez que ce soit faux ».
Tout en efficacité et sourires, Fabrice Staad se dévoile en suivant un fil chronologique.
Élève « plutôt sérieux, qui a eu la chance d’avoir quelques facilités », il grandit aux abords de Colmar où il effectue sa scolarité jusqu’au bac.
« J’ai aimé l’école », confie-t-il, mais peut-être parce que l’école est un peu différente. « J’étais dans une école ‘maîtrisienne’, en horaires adaptés. Nous avions les cours d’école le matin, et l’après-midi nous faisions chant choral et musique. Je crois que j’aimais beaucoup la musique et que je m’ennuyais un petit peu à l’école », s’amuse-t-il.
Du CE2 à la troisième, « et encore un peu en seconde mais ma voix a changé », il poursuit ce double cursus et ancre la musique dans sa vie.

Foot, X

Au lycée, les études « prennent plus d’intensité » mais Fabrice Staad, évoque « une scolarité classique. Quand les choses se passent plutôt bien, on est happé par la filière scientifique. On fait une prépa, si elle se passe bien ensuite on entre dans une école… » L’école en question sera Polytechnique. « Adolescent, je n’avais pas d’idée de métier en tête mais je sais que plus jeune, j’avais un jour répondu que je voulais être journaliste, je crois même journaliste sportif », s’amuse-t-il. Il confie conserver un plaisir « à lire et à écrire beaucoup ».
En plus de la musique et des études, Fabrice Staad joue au foot, à un niveau amateur mais avec le plaisir en moteur. Logiquement, à l’X il choisit football en sport, dans une équipe « pas mal cette année-là, nous étions un peu l’équipe à abattre dans le championnat universitaire ».
Surtout, le CEO d’Alan se souvient de son année de service militaire « au commissariat de la Marine ». « J’avais 20 ans, et on me proposait de partir loin et longtemps, c’était extraordinaire », s’exclame-t-il. À bord d’un pétrolier ravitailleur, en soutien de l’opération franco-américaine après les attentats du 11 septembre, il fait le tour de l’Océan Indien. « L’amiral qui s’occupe de l’Océan Indien était à bord. Sa mission de représentation nous donnait l’occasion de faire beaucoup plus d’arrêts dans différents ports ».
Fabrice Staad révèle une vraie reconnaissance envers l’école Polytechnique. « Ce sont des études particulières, nous avons une grande chance », lâche-t-il. « J’ai toujours été curieux et les sciences sont une source inépuisable. Mais j’ai tout de suite aimé ce qui était lié à l’économie et aux statistiques, et la mécanique des fluides. Ça n’a pas grand-chose à voir, mais ça a beaucoup attisé ma curiosité », explique-t-il.

Contrôle-passe 

Après son passage à l’X, « je trouvais que c’était légitime de rendre à l’État ce qui nous avait été offert », détaille Fabrice Staad. « Je savais que la fonction publique était un métier de statut et que pour y faire des choses intéressantes, il fallait y aller tout de suite pour avoir le bon statut. Ce n’est pas forcément quelque chose que j’apprécie, mais c’est un constat ». Il entre à Sciences Po Paris en école d’application et se rapproche du corps de contrôle des assurances, l’ACAM à l’époque. « L’environnement me plaisait : un corps de contrôle assez petit, avec beaucoup de transmissions faites entre les générations, des responsabilités assez fortes, et comme je n’avais pas dans l’idée de faire toute une carrière dans le public, il y avait toute une partie en lien avec le privé. »
La matière assurance lui plaît pour son aspect scientifique en économie et en statistique, autant que pour « le juridique et l’impact sur la vie des gens et de la société ».
De ce passage au contrôle, il garde le souvenir d’une « grande dynamique » et de la possibilité « de pouvoir faire des choses intéressantes en parallèle. En 2008, je me suis spécialisé sur les actifs financiers par la crise financière. Je vais schématiser mais les plus anciens connaissent extrêmement bien les passifs et les plus jeunes les aidaient à comprendre les actifs », se souvient-il amusé.
Il poursuit une forme d’apprentissage et s’intéresse à la loi Evin et les enjeux de la dépendance. « Quand les cabinets ministériels ont fait appel à des gens de l’ACPR pour réfléchir à une réforme de la dépendance, j’ai été proposé », confie-t-il. D’autres personnalités de l’assurance sont alors en poste auprès de Xavier Darkos ou Xavier Bertrand, telles Guillaume Autier (ex-Meilleurtaux) ou Pierre-Alain de Malleray (Santiane). Intéressé pour rejoindre le cabinet, il y entre à la faveur de l’arrivée d’Éric Woerth au ministère du Travail et de la réforme… des retraites ! « J’étais conseiller technique et c’était très intense… C’était génial », résume-t-il.
À la différence du contrôle, le cabinet doit composer avec la communication et la politique. Il vit de près le tourbillon médiatique, la pression sur le ministre et retient « une équipe soudée, alignée sur ce qu’il fallait faire et comment le faire », décrit-il.

La force du collectif

Au cours de l’entretien, il a plusieurs fois évoqué ces équipes resserrées. Est-ce important pour lui ? « C’est très important, mais ce n’est pas une question de taille. Nous avons des gens qui créent des relations qui dépassent le cadre professionnel, et nous sommes tous drivés par le même objectif. C’est l’état d’esprit, le côté missionnaire, le côté convaincu de ce que l’on fait. C’est aussi comme ça que ça se passe chez Alan : nous sommes convaincus que nous pouvons changer le rapport à la santé. »
Aujourd’hui, Alan compte 600 salarié·e·s, « mais l’état d’esprit qui nous anime reste le même », confie Fabrice Staad, qui a commencé chez l’assureur quand les membres de l’équipe pouvaient se compter sur les doigts des mains.
Il est d’ailleurs question des équipes quand on lui demande la dernière chose qui lui a fait plaisir. « Ce matin, j’avais une discussion avec une partie de l’équipe et nous avons réussi à avancer sur un projet qui nous tenait à cœur. Je suis content car les personnes qui ont mené ce projet ont réussi à faire des choses qu’elles n’avaient pas forcément réussi à faire avant. Sur la capacité de prendre un sujet de bout en bout, de construire potentiellement des deals et des partenariats… Ça m’a fait vraiment plaisir ».

L’organisation d’Alan permet au General manager de pratiquer une activité sportive en semaine. « Pas le football, j’ai perdu en explosivité et je commençais à me blesser, surtout autour de 35 ans », explique-t-il. Il a choisi la boxe anglaise, qu’il pratique dans la semaine le matin au bureau avec des collègues. « On apprend beaucoup, ce sport a un côté ludique et très intense qui ne sont pas désagréables ».
Ce qu’il n’a jamais arrêté, c’est la musique et plus particulièrement la guitare qu’il pratique depuis 30 ans. Là encore, la vie professionnelle n’est pas incompatible car « de temps en temps je la sors aux événements de la boîte. On avait un petit groupe ici, mais c’est parfois difficile d’accorder les emplois du temps… On trouve toujours des partenaires pour faire du sport ou de la musique », résume-t-il.

Assez logiquement, le week-end idéal de Fabrice Staad comprend un temps pour la musique mais rien pour le travail. « Nous avons réussi à préserver nos week-ends ». Après un petit temps de réflexion, il estime que le week-end idéal « c’est un week-end sans contrainte, quand je réussis à passer du temps avec ma famille et que j’ai l’impression que ça a duré une semaine ». Il y a aussi un peu de nature pour le dirigeant parisien, mer ou montagne puisque « l’Alsace offre à la fois des plaines et des montagnes », insiste-t-il.
Quand on demande à Fabrice Staad, en fin d’entretien, de nous révéler la dernière chose qui l’a agacé, il cherche longuement, reconnaît qu’il ne s’agace pas facilement et faute d’exemple récent, finit par dire : « Ce qui m’agace en général, c’est la malhonnêteté intellectuelle. Quand je peux lire certaines choses nous concernant, je ne suis pas agacé parce qu’on écrit des choses, mais je trouve que de temps en temps… » Une chose est sûre, c’est tout l’inverse de ce portrait.