PORTRAIT :
Frédéric de Courtois,
de nom et d'effets

Frédéric de Courtois, directeur général d’Axa, est l’invité du Petit déjeuner Off de La Lettre de l’assurance le 21 janvier 2025.

PORTRAIT : Frédéric de Courtois, de nom et d'effets
PORTRAIT : Frédéric de Courtois, de nom et d'effets

Frédéric de Courtois, directeur général d’Axa, est l’invité du Petit déjeuner Off de La Lettre de l’assurance le 21 janvier 2025.

Le groupe Axa vient de récupérer les locaux flambants neufs de son siège historique, avenue Matignon à Paris, après un peu plus de trois ans de travaux. Çà et là, des techniciens travaillent à régler les derniers détails en cette rentrée de janvier. Frédéric de Courtois nous rejoint dans une salle de réunion, sourire aux lèvres, col roulé et regard perçant, s’excusant de son retard alors que la ventilation est assourdissante. Le dirigeant joue le jeu du portrait, glissant des sous-entendus et s’amusant autant des questions que de ses réponses.

Frédéric de Courtois est né le 3 mai 1967 à Valenciennes, dans le Nord (59).
« Je suis un enfant du Nord et quasiment des Corons, car mon père était ingénieur de l’industrie ferroviaire. Nous étions dans une zone très industrielle, de corons et de mines » , détaille-t-il. Il reste une dizaine d’années à Valenciennes, où il « joue avec le club de foot de Valenciennes. Je suis resté très ‘footeux’ », confie-t-il.
Soit, mais quel-est le rapport ? Frédéric de Courtois a préparé son effet.
Après une dizaine d’années dans le Nord, la famille prend le chemin de la région parisienne et s’installe à… Saint -Germain-en-Laye. « J’y fais la deuxième partie de ma jeunesse. Et là, je joue au club de foot local donc au Paris-Saint-Germain ! Mes idoles sont Jean-Pierre Papin et Didier Six, des joueurs de Valenciennes. » La boucle est bouclée.
À l’école, Frédéric de Courtois est « un bon élève, sérieux, comme le sont les aînés souvent ». Quand d’autres veulent devenir pompiers, ou ne savent pas comme c’est souvent le cas avec les personnalités présentes dans les portraits de La Lettre de l’Assurance, le dirigeant a déjà une ambition. « Je voulais être archéologue et géographe. Et finalement je suis assureur », lance-t-il dans un grand rire.
« Au fond, je suis un faux ingénieur. Mes matières préférées, ce sont la géographie, l’histoire, la littérature, la géopolitique… Et puis, j’ai fait des études d’ingénieur par tradition familiale », explique-t-il, avant de commenter : « C’est impressionnant comme on est conditionné ». Aîné d’une famille d’ingénieurs, il « s’adapte » et suit des études tournées vers les mathématiques. « Tout le monde était ingénieur, ‘tu es bon en maths, tu seras ingénieur mon fils’ », résume-t-il en souriant. Il s’amuse franchement, en lâchant que la pression de l’ainesse l’a poussé vers ces études qui ne lui plaisaient pas, quand ses frères ont pu s’en affranchir. « Je suis ingénieur et après ce sont tous des épiciers », dit-il dans un grand rire, « épicier mais tout de même actuaire pour Henry ! ».

Pavie dans la marre

Frédéric de Courtois parle assez facilement de ses enfants, son épouse, ses frères.
Nous posons rarement des questions sur les familles, mais cet invité veut ajouter quelque chose, en prenant quelques précautions. « Je ne sais pas si c’est adapté au contexte, mais c’est l’événement de mon année ». Nous l’encourageons et il explique en quoi 2025 est une année spéciale pour sa famille… et pour lui.
« Je suis issu d’une famille ‘aristo’ liée à la bataille de Pavie. Cette année, ce sont les 500 ans de cette bataille tenue en 1525 », commence-t-il.
« Notre ancêtre (Etienne Courtois d’Arcollières, ndlr) s’est illustré à cette bataille aux côtés de François 1er. Les nouvelles armes de la famille, comme notre devise, ont été données par le roi alors qu’il était prisonnier en Italie… suite à cette défaite », explique-t-il. Selon les récits historiques, l’archer a sauvé par deux fois la vie du roi qui, pour le remercier, lui a donné de nouvelles armoiries et surtout une devise « Cortoys de nom et de faicts ».
« La bataille de Pavie est une immense défaite », reprend Frédéric de Courtois. « En France, pour Marignan, on a fait de grands événements mais il n’y aura rien cette année pour célébrer la bataille de Pavie. Alors je vais faire une grande fête de famille ! », annonce-t-il dans un nouveau rire concluant d’une remarque : « pourquoi ne pas célébrer une défaite ? »

De retour à un passé moins lointain, Frédéric de Courtois, passé par la prépa Sainte-Geneviève « parce que je suis d’une famille aristo », sort diplômé de l’école supérieur des Télecoms puis du collège des ingénieurs. « Je rentre à l’UAP en 1993. Je suis l’un des derniers UAP chez AXA », calcule-t-il.
« Comme je n’étais pas un vrai ingénieur, j’arrive à l’UAP pour faire de la fusion-acquisition. Je suis un junior et mon premier gros deal est le rachat des activités d’assurance de Victoire. C’est la vraie internationalisation de l’UAP et donc d’AXA !
Le deal suivant, c’est la privatisation et enfin, le troisième, c’est la fusion entre égaux : AXA – UAP. »

Finance spontanée

Il raconte être arrivé chez UAP par une candidature spontanée. « Je m’étais dit que je n’étais pas un vrai ingénieur, je n’avais pas envie de coder ou de faire des télécoms. J’étais attiré par la finance. » Frédéric de Courtois a découvert la matière lors de son passage au Collège des ingénieurs. C’est une ouverture bienvenue pour le jeune « faux ingénieur ».
« J’ai fait toute ma carrière dans la finance et l’assurance et dans 4 pays. 2 ans en Allemagne, 4 ans au Japon, 14 ans en Italie – Rome et Milan, c’est important » résume-t-il dans un sourire, « et le reste en France mais je n’ai pas fait le calcul ». Toutes ces destinations pour seulement deux entreprises, « Deux métiers, quatre pays et deux boîtes : Axa et Generali. Voilà, ça c’est moi ».
Le Japon et l’Italie l’ont marqué, parce qu’il y a vécu en famille. « Je suis beaucoup plus italien que japonais, beucoup de mes amis sont italiens. Mais le Japon c’est tellement différent, tellement fort », ajoute-t-il.

Côté sport pour la pratique, il se maintient en forme avec un coach deux fois par semaine, « avec de la muscu et du stretching. Depuis que je le fais, je n’ai plus mal au dos ! »
Il pratique le tennis depuis son enfance et apprécie toujours autant. « Je jouais au golf mais j’ai arrêté parce que le golf… ma femme trouvait que ça prenait trop de temps », confie-t-il dans un rire, après un temps de réflexion. Il conclut « et puis je regarde le foot ! »

Amore per Roma

Nous avions abordé rapidement le sujet en parlant de son enfance. Le football est toujours une passion pour Frédéric de Courtois, qu’il partage avec ses deux fils. « Quand nous sommes arrivés à Rome, il a fallu choisir entre la Roma et la Lazio… et il ne faut pas se tromper de club », dit-il avec un sourire entendu. « Hier par exemple, la Roma a battu la Lazio, et c’était l’euphorie à la maison. Nous sommes proches de l’AS Roma ». Il dit suivre aussi les parcours du Paris Saint-Germain et de Valenciennes. Le club nordiste est en National, bien loin de ses meilleures années… « C’est dur », concède notre invité.

La question de savoir quel est son week-end idéal l’intéresse. « Il y a 20 ans, je vous aurais dit ‘partir un week-end à l’étranger, en famille’. Mais j’ai tellement voyagé et je voyage toujours beaucoup que l’idéal, c’est un week-end chez moi, dans la vallée de Chevreuse, avec tennis, jardinage… C’est là que je vois que j’ai vieilli ! » Il reprend après un long rire : « L’idéal c’est un week-end familial, quelques rendez-vous avez des amis. J’ai l’a chance d’avoir un court de tennis chez moi, et puis nous sommes dans la nature. En semaine je suis à Paris et le week-end, je suis là-bas. » Sans artifice, car ce n’est pas son genre, mais qui permet de déceler un goût du contre-pied qui fait son effet.

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