PORTRAIT :
Jean-Paul Lacam,
l'aventure paritaire
PUBLIÉ LE 26 Juin 2018
Jean-Paul Lacam, délégué général du CTIP, est l’invité du Petit déjeuner Off de La Lettre de l’Assurance, le 10 juillet.
Jean-Paul Lacam occupe un grand bureau au siège du CTIP, rue Cambacérès à Paris. Et pour cause, celui-ci est plein de multiples piles de dossiers aux pochettes de différentes couleurs. « Je fais du tri, vous voyez qu’il reste du travail », glisse-t-il. En chemisette dans la douceur printanière, le délégué général du CTIP se prête volontiers au jeu du portrait, « mais vous allez tout savoir de moi ! ». Précis dans les réponses, riche en anecdotes, Jean-Paul Lacam, a priori, apprécie : « C’est agréable de me remémorer tout ça. C’est bien comme interview ». Jugez-en par vous même !
L’histoire commence le 2 décembre 1953, « date historique car c’est le jour de la bataille d’Austerlitz », commente Jean-Paul Lacam. C’était en 1805. « Il y a un autre événement qui se déroule le 2 décembre » cherche-t-il un peu.
Oui, il s’agit du sacre de Napoléon, le 2 décembre 1804. À ce propos, le 2 décembre est d’ailleurs souvent lié aux Empires français, puisque le 2 décembre 1852 est proclamé le Second Empire par celui qui deviendra Napoléon II.
Le délégué général du CTIP naît 148 ans plus tard à Teyssieu, petite commune située à 1600 kilomètres (source Google Map) du lieu de la victoire napoléonienne.
« Je ne suis pas un féru d’histoire, je connais mieux ma région ».
Teyssieu, où il est né de parents agriculteurs, est situé dans « le Lot, ancienne province du Quercy et région Occitanie. C’est précis et j’y tiens », lance Jean-Paul Lacam.
« Je pense qu’il faut avoir des racines. Dans la vie, on fait des choix, on saisit des opportunités mais je suis attaché à cette région rurale ». Pour lui, le sujet de la ruralité est d’actualité. « Quand j’étais enfant, il y avait 600 habitants, une école avec 80 élèves, 5 bistrots, des épiceries… Aujourd’hui, il n’y plus rien… »
Jean-Paul Lacam retourne souvent dans son village de naissance. Il a gardé la maison familiale et avoue aimer y revenir. « Ça me change un peu de la civilisation, c’est au milieu des prés et des bois », justifie-t-il immédiatement dans un rire et précise « si on veut faire un peu humoristique ».
Là-bas, le monde tourne différemment. « Il n’y a pas la même communication, il y a moins le besoin de convaincre. Ils sont plus ‘pratico-pratiques’ et ont plus de bon sens que ce qu’on entend parfois sur Paris… »
Il passe sa scolarité à Teyssieu, jusqu’à filer au collège, à 16 kilomètres, à Bretenoux, puis le lycée Jean Lurçat à Saint-Céré, où il est interne. « Je suis resté dans la région jusqu’à mon bac ».
Il se souvient avec nostalgie de cette période, pendant laquelle « des parents extraordinaires nous ont poussé mon frère et moi à faire des études ».
Il se rend alors compte « que les travaux de la terre ne sont pas pour moi », bien qu’il ait « travaillé dans des scieries, donné des coups de main pour les foins, gagné un peu d’argent pour partir en vacances. » On imagine donc que le sujet de la reprise de la ferme n’était pas sur la table. « La question ne s’est jamais posée, ni pour moi, ni pour mes parents ! C’était clair, net et précis ! »
Destination professionnelle inconnue
À l’époque, Jean-Paul Lacam n’a aucune idée du métier qu’il souhaite exercer. « En terminale, j’étais un bon élève, pas toujours discipliné, mais bon élève et même très bon en mathématiques et physique », raconte-t-il. Une insouciance à la sortie du lycée et il rate l’intégration en prépa. Il entre donc en fac sans aucun regret. « J’ai fait maths – physique – rugby ou rugby – maths – physique, comme vous voulez », s’amuse-t-il encore. « Je suis devenu un peu plus sérieux, je suis allé jusqu’en licence de mathématiques appliquées et j’ai passé des certificats en mathématiques fondamentales ». Il s’aperçoit que la fac « n’amenait nulle part, à part enseignant. L’actuariat me plaisait bien » et rejoint finalement l’ISUP, parce que » c’est plus facile d’aller à Paris qu’à Lyon et que les entretiens d’admission à Lyon et Paris se déroulaient en même temps « .
La spécialisation se fait en douceur, mais l’idée d’un métier n’est toujours pas précise.
Le tournant se fera lors du service militaire, alors qu’il est à la caserne Mortier, où il forme des chauffeurs et secrétaires d’officiers supérieurs.
Il se souvient d’ailleurs qu’à son poste étaient passés deux bidasses célèbres, Michel Sardou et Claude Moine, plus connu sous le pseudonyme d’Eddy Mitchell.
Retour à la carrière… « Mon service m’occupait deux heures de ma journée, le reste du temps, je l’avais pour ma thèse », explique-t-il. « J’ai commencé à chercher du travail et j’avais quatre postes. J’ai fait mon choix en fonction des meilleures perspectives d’évolution et du niveau de salaire, même si tous étaient très proches ».
Il entre à la Caisse du bâtiment. « Tout était à faire en santé et prévoyance ! » Actuaire sur la retraite, il s’intéresse à cette construction. « C’était des structures assez importantes, j’ai été très vite propulsé secrétaire général adjoint, puis directeur général d’une des caisses en 90 ».
Il vit alors le premier rapprochement dans le monde paritaire et la construction de Pro BTP, une expérience « assez fabuleuse ». S’ensuit Taitbout et des fusions avec Novalis puis Aprionis pour faire le groupe Humanis. Bilan de carrière dans un grand rire : « Je crois que j’ai touché à tout sauf l’informatique ! »
Paris – Teyssieu… et le monde entier
S’installer à Paris intra-muros, n’a pas été trop dur, du moment que Jean-Paul Lacam peut repartir. « Je faisais du rugby dans l’une des équipes de l’ASPTT, avec mon petit-frère, jusqu’à l’âge de 37 ans ».
Il est chasseur « depuis toujours, enfin depuis l’âge d’avoir un permis de chasse bien sûr ! » rectifie-t-il dans un sourire, avant d’ajouter : « À la campagne, c’était naturel. » Il ne chasse pas avec d’autres assureurs, ce n’est pas trop son truc. Lui préfère « marcher, chercher un gibier, tirer ou ne pas tirer. Pour moi, ne pas tirer est aussi un acte de chasse ». Comme beaucoup de débats l’intéressent et qu’il se considère comme un homme de dialogue, il voit « des fautifs de chaque côté » sur le sujet de la chasse, ce qui, selon lui, nuit au débat.
On ne fait pas carrière dans le monde paritaire sans une certaine propension au débat et à la négociation. « La négociation me plaît. Je n’hésite pas à discuter avec des gens qui ne sont pas du même avis que moi. »
Jean-Paul Lacam mène aussi une vie associative. Il est ainsi dans une association de sauvetage du patrimoine de Teyssieu. Actuellement, c’est une tour féodale du XIIIe siècle qui est au centre de ses préoccupations historiques, après la rénovation de l’église romane. Il est également vice-président d’une maison de retraite, toujours dans la région.
De son enfance dans le Lot, Jean-Paul Lacam garde un souvenir marquant.
« J’avais un oncle qui s’était installé en Nouvelle-Calédonie. Quand il revenait, qu’il était passé par Los Angeles et qu’il m’amenait des jouets que personne n’avait, ça me faisait rêver ».
C’est sans doute de là que vient une passion pour les voyages, commencée jeune. Jean-Paul Lacam, adolescent, vit une période heureuse « ponctuée de voyages en auto-stop à travers l’Europe. J’ai dû causer des soucis à mes parents, parce qu’ils ne savaient pas vraiment où j’étais ». Il égraine les destinations : « Allemagne, Hollande, Italie, Angleterre, Ecosse… » Les années fac ? « Non, la première fois que je suis parti, j’avais 15 ans. » Oui, les parents devaient se faire des soucis !
« Il n’y avait pas beaucoup de risques » estime-t-il après coup.
Le plus gros danger, selon lui, était de se faire embarquer dans des histoires louches, notamment liées aux drogues. Il se souvient : « Je me rappelle qu’à Amsterdam, j’ai dû dormir dans un endroit qui n’était même pas une auberge de jeunesse. Il y avait deux gars qui n’étaient vraiment pas bien… ça m’a dégoûté et ça fait partie des expériences… »
Apparaît alors un trait de caractère qui affleurait de la conversation : « Je suis extrêmement patient, mais je suis tenace. Il faut vraiment beaucoup d’obstacles pour que je n’y arrive pas. C’est de la ténacité ».
Bon, il n’a pas fait le festival de musique de l’Île de Wight à cause d’un ami tombé amoureux un peu vite d’une anglaise, mais c’était un choix.
Depuis, il estime avoir une vie plus rangée. Pourtant, son week-end idéal peut avoir plusieurs formes. « Ça peut être d’aller voir un match de rugby à Dublin ou Edimbourg avec ma femme, qui adore ça. C’est aussi en famille dans le Lot, ou avec des amis. Le stop m’a aussi donné le goût des voyages et je n’ai pas fini de découvrir le monde ». Et donc de raconter ses aventures.
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