PORTRAIT :
Marie-Aude Thépaut,
Bretonne sans fard

Marie-Aude Thépaut, directrice générale de CNP Assurances, est l’invitée du Petit déjeuner Off de La Lettre de l’assurance le 17 décembre 2024.

PORTRAIT : Marie-Aude Thépaut, Bretonne sans fard
PORTRAIT : Marie-Aude Thépaut, Bretonne sans fard

Marie-Aude Thépaut, directrice générale de CNP Assurances, est l’invitée du Petit déjeuner Off de La Lettre de l’assurance le 17 décembre 2024.

Comme c’est maintenant la coutume, la rencontre se fait dans une salle de réunion du siège. Chez CNP Assurances aussi, le flex-office n’a laissé au mieux qu’un étage aux dirigeants installés en open-space. Tout au long de l’entretien, Marie-Aude Thépaut conserve un sourire très naturel, s’amuse des situations qu’elle décrit et manie le second degré avec plaisir, mais en restant toujours très efficace parce que, comme elle le dit « j’aime l’efficacité ».

Marie-Aude Thépaut est née le 19 juin 1983 à Brest, dans le Finistère (29).
« J’ai grandi et fait toutes mes études à Brest, je suis vraiment bretonne d’origine », annonce-t-elle sans en faire une revendication. Toute sa famille et sa belle-famille sont en Bretagne. Elle grandit plus précisément à Plouzané, une révélation qu’elle fait en partie parce que « Le Télégramme a cité la ville quand ils ont fait un article après ma nomination », lance-t-elle dans un rire.
Enfant, elle est une élève « sérieuse. J’ai toujours aimé les maths et il était très clair pour moi que je ferai une prépa maths. J’étais très jeune, j’avais fait ce choix dès le collège », explique-t-elle. Le chemin est tracé. Mais… « Mais ‘prépa maths’, ce n’est pas un métier et c’est là tout le problème », admet-elle dans un nouveau rire. « Et une fois arrivée en prépa, j’étais bien embêtée, parce que là, c’était d’un coup le grand vide : je ne savais pas du tout ce que je voulais faire ». L’actuelle directrice générale de CNP Assurances a tout de même des certitudes sur ce qu’elle ne veut pas faire. « Je n’aimais pas la physique, je ne voulais pas devenir ingénieure… C’était tout de suite plus compliqué ». Elle regarde les différentes pistes et identifie « trois choix possibles : contrôleur aérien, une école de commerce ouverte sur les prépas scientifique ou une école d’actuariat ».

Actuaire dans les voiles

Elle passe les trois concours, n’est pas prise sur le contrôle aérien en raison d’un niveau d’anglais limité. « Je me suis retrouvée face à un choix entre l’INT Management et l’EURIA. Là, c’était très compliqué de choisir entre les deux métiers : actuaires, à Brest, ni moi ni personne ne savait dans mon environnement ce que c’était. Je me suis dit que faire une école de management et devenir manager à 23 ans, ça me semblait difficile, je me disais qu’il fallait un peu de matière derrière ».
Contrairement à ce qu’elle disait, Marie-Aude Thépaut trouve la réponse à sa question dans sa famille. « Chaque année, mon grand-père découpait l’article des nouvelles promos de l’EURIA. Il expliquait que tout le monde trouvait du travail, que c’était des maths donc que ça pourrait me plaire et que c’était du concret », précise-t-elle dans un rire. La formation coche beaucoup de cases : pas de physique, qui débouche sur un métier, à Brest. Son père, enseignant chercheur, pouvait-il lui montrer une autre voie ? « L’enseignement m’a toujours attiré. J’ai donné beaucoup de cours particuliers quand j’étais jeune, mais être devant une classe de 30 élèves dont la moitié ne veut pas apprendre, ça ne me plaisait pas. C’est pourtant une idée que j’ai toujours dans un coin de la tête… » Elle reconnaît une capacité à transmettre et à expliquer simplement, confirmée par son expérience professionnelle et qui se ressent dans l’entretien.
Elle entre donc à l’EURIA. L’école a obtenu sa reconnaissance pour le diplôme d’actuaire dans les années 90, ce qui lui permet d’attirer des professeurs et d’assurer l’avenir de ses élèves. Mais Marie-Aude Thépaut ne tient alors pas trop compte de ces considérations. « Nous étions quinze dans la promo, c’était très agréable. J’ai beaucoup aimé car j’ai découvert de nouvelles matières, comme le droit, la finance, la macro-économie. Ça m’a plu dès le départ, mais toujours sans savoir ce que c’était réellement qu’un actuaire », s’amuse-t-elle. « Tant qu’on ne commence pas en entreprise, on ne se rend pas compte, la palette est très large même dans la vie professionnelle. »

Prendre le large et un Paris

Enthousiaste de ces nouveaux apprentissages, Marie-Aude Thépaut nourrit une préférence pour l’assurance plutôt que la finance, mais en ayant conscience que c’est encore, une grande inconnue. « Les cours me plaisaient bien, mais je n’avais aucun assureur dans mes relations. Je n’avais pas de contact à Paris et j’ai eu beaucoup de mal à trouver un stage, j’ai envoyé énormément de CV. J’ai fini par prendre le stage d’une ancienne de la promo précédente… », confie-t-elle. Elle arrive à la Mutualité Française et découvre le métier d’actuaire. Ce stage est une première dans le monde de l’entreprise mais également une première… à Paris. « Quand j’ai annoncé que j’allais à Paris, on me disait ‘ah, tu vas travailler à Paris’, sous-entendu ‘bonne chance’. C’est assez incroyable ces réactions : travailler à Paris, c’est compliqué pour un Breton ».
Marie-Aude Thépaut n’en souffre pas, au contraire. Elle se sent bien dans la ville et elle découvre un métier et un secteur qui lui plaisent beaucoup.
Son diplôme en poche, elle reprend le chemin de la capitale pour trouver un poste. De son propre aveu, si décrocher un stage avait été difficile, obtenir un emploi est beaucoup plus simple. Elle en rit avec une boutade : « Je suis arrivé à la gare Montparnasse, j’ai déposé mon CV chez CNP Assurances et j’ai été prise ». Jusqu’à cette année, le siège du bancassureur se trouvait en effet au-dessus de la gare !
Elle détaille avec plus de sérieux sa (rapide) quête d’un emploi. « En juin, j’avais répondu à deux annonces, CNP Assurances et BNP Paribas Cardif. J’ai passé les entretiens en juillet et j’ai commencé le 1er septembre. CNP Assurances, au-dessus de la gare, c’était pratique, je pouvais rentrer plus vite en Bretagne », ajoute-t-elle avec beaucoup de second degré. Sa carrière était lancée, sur un hasard ou une proximité.

La forêt pour l’équilibre

À côté de son poste très prenant, Marie-Aude Thépaut « essaye de faire du sport au moins une fois par semaine. C’est un vrai sujet, alors que j’ai toujours fait un peu de sport, mais je n’ai jamais été une grande sportive », confie-t-elle. Elle a bien aimé le tennis, a fait « de la planche à voile dans la rade de Brest » de la Terminale jusqu’à la fin des études. « Mais maintenant, j’essaye de faire un peu de sport le week-end, mais tranquille », explique-t-elle en souriant.
Elle a fait beaucoup de piano plus jeune, même en prépa alors que la plupart des invité·e·s de La Lettre de l’Assurance ont dû stopper pendant cette période. « J’en ai encore un chez moi, que je n’ouvre pas souvent… Mais je ne désespère pas ! ».
Son week-end idéal est un moment pour se ressourcer. « C’est globalement du temps avec la famille et pour les enfants. Maintenant qu’ils grandissent, j’arrive à garder un peu de temps pour moi », reconnaît-elle. Soirées et balades en forêt avec des amis, mais pas en Bretagne parce que « Brest est assez loin, on ne le fait pas le week-end ». La famille n’habite pas à Paris mais en banlieue, non loin d’une forêt. « On ne se serait pas vu vivre à Paris. Notre quartier est comme un petit village, nous retrouvons notre esprit breton », s’amuse-t-elle franchement, « avec pas mal de Bretons, nous ne sommes pas complètement perdus ! » Elle précise « Nous n’avons pas nos familles à proximité, donc pour l’entraide, pour tout faire à pied le week-end, c’est sympa. Et puis cela nous permet de nous couper du quotidien et de s’oxygéner ».
La directrice générale de CNP Assurances avoue qu’avant de prendre cette fonction, elle profitait de ses vendredis en télétravail pour faire une pause en forêt le midi. « Maintenant, c’est plus compliqué de bloquer tous mes vendredis », reconnaît-elle, avant d’expliquer : « comme je prône le télétravail et que je suis convaincue de ses bienfaits, j’essaie d’en faire de temps en temps. Je sais aussi qu’il faut travailler sur des sujets, comme l’intégration des nouveaux, la formation, mais je suis plutôt favorable au télétravail qui permet un meilleur équilibre dans la vie pro et perso. »
Cet équilibre illustre plutôt bien Marie-Aude Thépaut, tout à la fois appliquée, efficace et simple.

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