PORTRAIT :
Tanguy Polet,
d'expériences à l'assurance

PORTRAIT : Tanguy Polet, d'expériences à l'assurance
PORTRAIT : Tanguy Polet, d'expériences à l'assurance

Tanguy Polet, directeur général de Swiss Life France, sera l’invité du Petit déjeuner Off de La Lettre de l’Assurance le 27 septembre.
Voici son portrait.

Il fait encore chaud en ce début du mois de septembre, à Levallois-Perret, siège de Swiss Life France. Tanguy Polet nous reçoit dans une salle de réunion ou de réception. En bras de chemise, souriant et avenant, il répond à chaque question avec une anecdote, parfois en ajoutant des détails, toujours avec le souci d’expliquer, de contextualiser. Pour la richesse de l’instant.

Tanguy Polet naît le 6 juillet 1970, « mille neuf cent septante, ce sera mieux », à Bruxelles.
Son père est professeur de Lettres à l’université et sa mère, secrétaire.
S’il naît à Bruxelles, l’actuel directeur général de Swiss Life France passe les premières années de sa vie au Zaïre, ancien nom du Congo Belge, où la famille est alors installée.
« Mon père faisait son service civil là bas, comme professeur. Nous sommes revenus en Belgique quand j’avais 4 ans », explique-t-il. Il n’en garde que de « rares souvenirs, surtout ceux que mes parents passaient en boucle dans des diapositives », rit-il, donnant le ton d’un échange franc et souriant. « Je garde des souvenirs de bruits. Ces sons ne m’ont pas hanté, ce n’est pas le mot, mais ont bercé plusieurs de mes rêves pendant de nombreuses années. Et ce sont des bruits que j’ai retrouvés quand je suis retourné en Afrique, des années plus tard. Ce sont les cris des singes hurleurs, le son du vent dans la brousse, le bruit des jeep qui passent au loin dans la nuit… » C’est en repassant des nuits dans la brousse africaine que les souvenirs se ravivent.
La famille s’installe alors à Louvain-la-Neuve, pôle universitaire francophone non loin de Bruxelles.

Multiculturalisme en héritage

Adolescent, Tanguy Polet veut devenir diplomate, voire ambassadeur. Si la Belgique et ses besoins constant de consensus et de compréhension de l’autre peuvent l’expliquer, les origines du patron de Swiss Life France jouent un rôle…
« Je suis l’aîné d’une famille de 5 enfants, dont trois sont d’origine coréenne et ont été adoptés », détaille-t-il avant de décrire son enfance.
« Pour mes parents, j’étais ‘le premier né’. Ma sœur, qui a pourtant 3 mois de plus que moi, m’a laissé jouer le rôle de grand frère », s’amuse-t-il.
Cette famille multiculturelle a forcément joué un rôle dans les choix de Tanguy Polet.
« D’autant que ma grand-mère est hongroise, adoptée par une famille belge lors de l’invasion russe. Elle a épousé un flamand, a eu six enfants, mes oncles et tantes. Un fils a épousé une libanaise qui est ma marraine, un autre de ses fils a choisi une congolaise qui est ma tante, la troisième a épousé un algérien… Nous sommes une famille multi-ethnique et multiculturelle et nous avons toujours eu plaisir à faire vivre nos cultures, que ce soit dans la cuisine, ou dans les échanges. Ça a bercé mon enfance et ça perdure encore ».

Élève « turbulent » en primaire, « parce que j’avais toujours fini un peu trop vite », il saute une classe « et ça, ça m’a calmé quand même ». À 16 ans, il finit sa terminale « la rétho comme on dit en Belgique » (la Réthorique est le nom donné à la classe de Terminale. L’équivalent de notre première est la Poésie, ndlr) mais c’est un peu jeune pour entrer à l’université. Lui et sa sœur – qui a les mêmes facilités – recommencent une terminale mais cette fois en flamand.
Découverte de cette partie de la culture de son pays, de la langue, des matières aussi, Tanguy Polet ne regrette pas ce choix qui n’est pas le sien. « C’est clairement nos parents qui nous l’ont proposé et sincèrement, je ne me souviens pas avoir bondi de joie quand ils nous ont annoncé l’internat. C’était plutôt bien comme apprentissage et l’internat s’est très bien passé. Mais j’avais 16 ans, un âge auquel on garde plutôt des bons souvenirs. »
Il raconte une anecdote, sorte de bizutage, de sa première année. « C’était un internat dans une abbaye, avec des moines. Lors du repas, nous devions dire une prière, soit donnée par le moine, soit qu’on devait écrire. La première semaine, je ne sais pas comment ils se sont arrangés, c’est tombé sur moi… Et comme je n’arrivais pas encore à très bien écrire en néerlandais, ce sont mes copains qui m’ont aidé et m’ont fait le texte. Évidemment, ils avaient mis beaucoup de mots à double sens et au premier tiers de la prière, le moine préfet s’est levé et m’a arraché mon texte. Tout le monde a bien ri », s’amuse-t-il encore, des années plus tard.
Son cursus se passe bien mais c’est à l’université que les choses se sont compliquées.

Droit dans ses choix

À la fin de sa deuxième « réthorique », ses parents ne projettent pas de métier pour lui.
Pour devenir diplomate, il faut passer par le droit. Son père en avait fait en parallèle des études de lettres, donc il voit ce choix d’un bon œil. Son frère Grégoire, est devenu écrivain, embrassant la carrière de professeur de lettres ouverte par son père. Tanguy Polet le cite à quelques reprises au cours de l’entretien, et nous montre même le dernier ouvrage du petit dernier de la famille.
Pour l’ainé, l’université est un retour dans la maison familiale. Il fait les trajets jusqu’à la fac.
« Avec cinq enfants, ma mère avait arrêté de travailler. Mes parents estimaient que le seul salaire de mon père, confortable, suffisait. Ils étaient très généreux, ils soutenaient beaucoup de causes. Ils ont donné une grande partie – trop grande à mon goût (il éclate de rire) – à toute une série d’associations et nous ont appris à vivre avec juste ce qui était nécessaire. C’était leur philosophie de vie… »
Si Tanguy Polet, accepte de faire les allers-retours, ce strict nécessaire n’est pas suffisant pour la vie étudiante. « Je ne pouvais pas faire la fête, ni sortir. J’ai décidé de travailler pour gagner de l’argent de poche. Et là, ça ne leur a pas plu du tout », explique-t-il.
Son père par son travail, peut le faire entrer dans des bibliothèques universitaires, ou des librairies, mais le jeune adulte juge que ce ne sera pas suffisant. Il trouve alors une place comme… barman en boîte de nuit !
« J’ai fait ça pendant quatre ans, et là j’ai très bien gagné ma vie », explose-t-il de rire. Forcément, les horaires ne correspondent pas avec la vie de la maison parentale dans laquelle il vit. « Ça ne plaisait pas du tout à mes parents qui m’ont prévenu : le samedi et dimanche, c’est la vie de famille. ‘Tu fais ce que tu veux, mais à 9h30, tu es au petit déjeuner avec nous’. C’est là que j’ai appris à peu dormir, j’en suis persuadé », ajoute-t-il, très sérieux.

Avocat… au bar

Le patron de la boîte le surnomme « l’avocat » et Tanguy Polet se plaît dans ce travail original mais temporaire. « Sociologiquement, c’est une mélange incroyable. Ça montre aussi tout l’intérêt de faire des études, et ça m’a surtout apporté mon indépendance financière. Alors forcément, j’en ai un peu profité mais je n’ai pas mis 100% de la priorité à briller comme mon père pour obtenir les félicitations du jury chaque année », conclut-il dans un sourire. Il valide toutes ses années, ne « je ne fais pas honte à mes parents », mais doit faire face à un imprévu.
Lors de sa dernière année , il contracte une forme rare de mononucléose et doit interrompre ses études. « Mon cerveau était touché et j’ai perdu les fonctions qu’on utilise tous les jours, sans y penser. J’ai passé des semaines à l’hôpital, puis à la maison. Il m’a fallu une bonne année pour m’en sortir », confie-t-il. « Je venais de me marier, donc ça a été un grand moment de vérité pour mon épouse », éclate-t-il de rire. « Je ne contrôlais plus mes mouvements, mon bras pouvait partir et balayer la table d’un coup, sans raison ».
Obligé d’attendre avant de rejoindre le cursus en diplomatie, Tanguy Polet décide de passer le concours du barreau. « Je me suis dit que je serai avocat pendant 6 mois et qu’on verrait bien… Et je suis resté avocat pendant 12 ans ! »

Du barreau à l’assurance

Au fil de sa carrière, il travaille pour un client nommé Swiss Life. « Depuis quelques années, j’avais une frustration dans le métier. Je n’aimais pas traiter les dossiers techniques que pour la technique. Je voulais savoir pourquoi on me posait la question, en fait quel était le problème caché qu’ils voulaient résoudre… Assez vite, j’ai eu ce rôle d’être en interaction avec le client pour aller plus loin. Au fur et à mesure des années, être de l’autre côté me plaisait. Si je n’avais pas rencontré Swiss Life, j’aurai rencontré une autre entreprise », explique-t-il.
Il commence chez l’assureur, en Belgique et avec Charles Relecom, en détachement de son cabinet, qui pense qu’il sera dégoûté du monde de l’entreprise. Et non, au contraire. « C’est aussi parce que je me suis bien entendu avec Charles Relecom », ajoute-t-il. Il reste un peu lors du rachat de l’entité belge mais ne s’entend pas avec les acquéreurs. « Pour la première fois, j’étais dans un processus de séparation. Le groupe Swiss Life m’a proposé de prendre la tête de l’entreprise au Luxembourg. C’est après trois ans là-bas que Charles m’a proposé de venir en France pour prendre la tête de la banque privée », conclut-il.

Week-end nature et découvertes

Sportif, Tanguy Polet ne l’est pas vraiment. Il se décrit comme « le spécialiste de la découverte passionnée de beaucoup de sports. Ça a été l’occasion de ma première manifestation émotionnelle de l’adolescence », lâche-t-il. Avant de poursuivre : « à 15 ans, je voulais faire du basket mais je voulais la tenue du parfait basketteurs : les Nike montantes, le survêtement Champion, la veste avec une marque dont j’ai oublié le nom… Vue la philosophie de mes parents, d’offrir ce qui est nécessaires, ça ne s’est pas bien passé… Après une engueulade mémorable avec ma mère. Mon père est passé dans la cuisine, après m’avoir entendu être insultant. Il m’a mis une raclée dont on se souvient encore tous les deux ! »
L’anecdote aurait pu s’arrêter là, mais ce serait mal connaître le tempérament de Tanguy Polet. « J’ai fugué. Et je me suis dit que quand même, fuguer c’était très courageux parce qu’après plusieurs heures de marche, je me suis dit que finalement, ces baskets, est-ce qu’elles étaient aussi indispensables que ça ? », éclate-t-il de rire. Il présente de plates excuses et parle d’un nouvel équilibre créé entre sa mère et lui. « Ils se sont rendus compte qu’il fallait peut-être quelques exceptions à leur principe de vie et nous sommes allés, avec ma mère, acheter les baskets. Je les ai encore ! », rit-il.
Au final, il fait beaucoup de sports différents, baskets, karaté, natation, escalade, tennis. « J’ai adoré faire plein de sport mais je n’ai jamais été très constant. J’ai aimé découvrir la logique, la technique ». Il dit se contenter aujourd’hui de marcher et courir.

Pour Tanguy Polet, un week-end idéal est familiale. Parce qu’entre la Belgique, le Luxembourg et la France, la famille a choisi de rester à Bruxelles. « J’aime y associer des amis, car j’ai plusieurs catégories d’amis, liés à mes moments de vie. Il faut aussi de la nature, et de la culture », complète-t-il. Féru de visites et d’architecture, il apprécie de partager avec sa famille des découvertes, un peu partout. « On peut visiter le monde comme la petite ville d’à côté », confie-t-il.
Tant qu’il y a à découvrir, Tanguy Polet est heureux.

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