PORTRAIT :
Thomas Saunier,
gravir les pentes de l'assurance

Thomas Saunier, DG de MALAKOFF MÉDÉRIC, a été invité du Petit déjeuner Off de La Lettre de l’Assurance une première fois le 16 novembre 2017.
Son retour était prévu en novembre 2020… finalement reporté à ce 9 mars 2021 !
Nous vous proposons de relire son portrait publié en 2017.
Nous avons volontairement laissé les noms et les situations de l’époque.

Voix grave et costume sombre, Thomas SAUNIER nous reçoit au 7e étage du siège de MALAKOFF MÉDÉRIC au 21 rue Laffitte. Un soleil d’automne plonge dans le bureau d’angle, avec une vue sur le nord de Paris et bordé d’une terrasse. Le directeur général tombe rapidement la veste et se met à l’aise, sourire en coin, pour conter une partie de sa vie.

Thomas Saunier est né le 16 février 1967 à Compiègne, dans l’Oise. Durant son enfance, il bouge beaucoup. « Mon père était ingénieur chez Hoechst, un groupe de chimie allemand. Nous avons vécu deux ans à Francfort, plus précisément à Höchst, où était située une usine de 30 000 ouvriers… Vous vous rendez compte ? 30 000 ouvriers, ça ne se fait plus ! » Ensuite, retour à Compiègne, passage à Lillebonne – entre Rouen et Le Havre – et retour à Compiègne avant de s’installer définitivement en région parisienne, à Versailles, « parce que mon père était au siège ». Sa famille est pourtant originaire de Normandie, ses frères y sont nés, mais lui n’y vivra pas.

Pour Thomas Saunier, ces mouvements ne facilitent pas les amitiés, même s’il dit être « très bande de potes. Avec les déménagements, on garde moins de copains. Je garde surtout ceux de Versailles, à partir de la seconde ». En classe, il est plutôt « bon élève » mais avoue être « beaucoup moins » bon sur le comportement. « Les copains, il faut en profiter tout de suite », lance-t-il dans un rire. Il fait rapidement une analogie avec son plus jeune fils qui, en primaire, semble suivre sa voie. Et il en rit de plus belle.

Se laisser porter jusqu’aux sommets

Enfant, les rêves sont plus flous que fous. « Comme tout le monde, je voulais être pompier ou pilote de ligne… l’assurance ne m’était pas apparue pendant mon sommeil comme une vocation. On y va par hasard et on y reste parce que c’est complexe et c’est ce qui fait l’intérêt du job ! ».

Lycée – prépa – polytechnique, un modèle familial pour devenir ingénieur ? « Non, j’étais bon en maths et physique, donc c’est un peu con de ne pas aller vers la filière ingénieur. Un de mes frères a fait médecine et est maintenant chercheur, l’autre est entré à Centrale. Moi j’ai suivi mon cursus. Quand on est bon en math et physique, on fait pas une fac de droit ou une prépa HEC. » Doit-on en déduire qu’il n’aimait pas les matières littéraires ? « L’Allemand ça allait, j’aimais bien la philo mais j’avais plus de mal en Français… », reconnaît-il.

Il lui reste de ces années un sentiment d’une adolescence assez « préservée ». « Avec les copains, c’était l’insouciance. C’était très très sympa », insiste-t-il. Il ne se pose d’ailleurs pas trop de questions, suit le parcours du Lycée Hoche à Versailles, y reste en prépa et glisse presque naturellement sur les bancs de l’X. « On passe des concours et on prend ce qui se fait de mieux selon le classement des écoles ». Une voie royale dans lequel Thomas Saunier semble s’épanouir.

Multisports pour maxi défis

Celles et ceux qui connaissent Thomas Saunier ne seront pas surpris d’apprendre qu’il fut rugbyman, à partir de 15 ans, parce qu’avant c’était « tennis ». Pour le rugby, il possède indéniablement la carrure. À Polytechnique, il fait aviron et golf. Il pratique aussi la voile, qu’il continue ensuite, mais il reconnaît « avoir switché pour le bateau à moteur » ces dernières années. La faute à la Corse, où il possède une résidence secondaire et où le vent est plus capricieux.

Mais il fonctionne aussi – surtout – par défi. Après un pari « avec des copains, on a fait le marathon de New York… mais trois mois de préparation à courir quatre fois par semaine, ce n’est pas toujours évident ».

Depuis quatre ans, il est passé au vélo. En fait-il régulièrement ? « Là, ça fait un petit moment que je n’en ai pas fait », dit-il en baissant les yeux, comme si la réponse se trouvait inscrite sur son ventre. Il s’est mis au vélo, « pour soulager les articulations » et aussi parce que sa femme avait décidé de faire du vélo « en faisant deux étapes du Giro », le Tour d’Italie. C’est même devenu une affaire de famille, puisque le fils aîné vient de lâcher le rugby pour se mettre en selle. « On fait du vélo entre nous ou avec des copains, parce que c’est possible même si les niveaux sont différents ».

C’est parfois parce que c’est compliqué que ça semble intéressant pour Thomas Saunier. « Je ne me voyais pas être ingénieur et je me voyais bien dans la finance ou l’économie. Et à l’X, on a la chance d’être rémunéré, et ce n’était plus le cas dans l’école d’application. Ca fait un choc. Donc j’ai commencé à travailler à mi-temps chez Francis Lefebvre », explique-t-il. « L’idée était de faire de l’expertise et de l’édition avec des éditeurs de logiciels sur la gestion d’entreprise. J’ai commencé sur des sujets d’acquisition ». À l’Ensae il croise Stéphane Guinet (Axa et Kamet maintenant) qui lui recommande de passer « trois modules de plus pour avoir l’actuariat. Lui comme moi ne savions pas ce que c’était, mais nous l’avons fait », s’amuse-t-il. Chez Francis Lefebvre il pilote l’acquisition de Circea, spécialisé dans les logiciels… pour compagnies d’assurance. Il devient directeur commercial et c’est comme ça qu’il commence « dans le monde élargi de l’assurance ».

Occuper tous les postes

Après quatre ans et un passage au poste de directeur des opérations, il co-fonde un site de recherche et de comparaison de produits d’assurance sur internet. En 1999-2000. C’est un peu la magie d’internet du début des années 2000 : « J’avais mis quatre ans, chez Circea, pour rencontrer la moitié des DSI de la place et là, en six mois, j’avais vu tous les DG ! ».
Mais rapidement, des divergences stratégiques apparaissent et « quand on est minoritaire au capital et qu’on est pas d’accord, on ferme sa gueule ou on s’en va, donc je suis parti ». Il entre chez CNP Assurances, recruté par Bruno Rostain. « Il m’avait dit, ‘tu es dans le monde de l’assurance mais il faudra un jour que tu rentres dans une compagnie d’assurances’. J’avais fait du commercial, du management, il me manquait la dimension financière. Et le métier est complexe, on ne peut pas le voir que sous l’angle des systèmes d’informations », détaille-t-il, révélant un schéma qui ne laisse plus de place au doute : Thomas Saunier va faire carrière dans l’assurance.

Il passe alors par différents postes, de l’actuariat au contrôle de gestion. Il est donc prêt pour prendre une direction générale, au poste d’adjoint, chez GPA. Elle s’arrêtera en 2014, onze ans plus tard, après un changement de direction générale. « A chaque fois, il y a un nouveau défi et des perspectives de transformation, ce sont de nouvelles aventures qui m’attirent. Nous sommes sur des métiers longs, les effets d’aujourd’hui sont souvent les conséquences des décisions d’il y a trois ans. L’intérêt est de voir ‘à l’œil nu les effets des initiatives’ », explique-t-il avec enthousiasme.

Après un rapide passage à la FFSA, seul accroc dans sa carrière, il tire une conviction « je suis un homme d’entreprise et pas un homme de fédération ». La rupture est brutale mais le réseau fonctionne. « Être ‘senior advisor’ m’a permis d’ouvrir les chakras et j’ai eu la chance de pouvoir accompagner des jeunes entreprises sur des sujets de datas et de digital. Je n’ai pas vu les jours passer et rétrospectivement, ça m’a appris que les choses ne sont pas en train de s’accélérer mais de se transformer ». La période enrichit l’homme et sert même son projet d’entreprise chez Malakoff Médéric.

Paradoxalement, Thomas Saunier aime les photos, en très grand format, dont certaines décorent son bureau. Tout le contraire de ce qu’est l’homme, qui ne supporte pas vraiment de rester figé.

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