Série Covid-19 :
Une épidémie, un sujet plus sanitaire que médical ?
PUBLIÉ LE 10 Juin 2020
Après une première réflexion sur l’immunité de groupe, Régis de LAROULLIÈRE et Jérôme CABOUAT s’intéressent aux réponses apportées à l’épidémie.
Ils poursuivent la série sur les enseignements et les questionnements que la crise du Covid-19 ont mis en lumière.
La Covid-19 est contagieuse et mortelle. En l’absence de précautions particulières, et sur la base des données actuelles, une personne infectée en infecte en moyenne près de 3 pendant sa période de contagiosité : le nombre de personnes infectées double alors tous les 3 jours. Environ 1% des personnes infectées décèdent. Que faire quand une telle épidémie pénètre notre territoire national ?
Il convient naturellement de soigner les malades.
Certains contaminés n’ont pas de symptômes. Pour d’autres, ils sont supportables. En France et à ce jour, c’est le Doliprane qui est recommandé par les pouvoirs publics, à prendre en cas de fièvre et après consultation de son médecin. Pour les patients dont l’état empire et devient grave (environ 5% des cas), a été fait le choix de l’hospitalisation. Le plus souvent, le patient guérit. Mais parfois, la maladie provoque des difficultés respiratoires, conduisant à lui administrer de l’oxygène, voire à le mettre en réanimation. Dans la majorité des cas, là encore, l’organisme prend le dessus sur la maladie et le patient guérit, avec parfois des séquelles que le recul permettra de mieux analyser. Néanmoins, 20% des hospitalisés décèdent. L’hôpital accompagne leur fin de vie, et les sédate le cas échéant en phase terminale.
Le système médical et hospitalier, et dans une large mesure les Ehpad et autres résidences de personnes âgées, ont ainsi pris en charge les malades graves, les soignant dans les limites de ce que permettaient les traitements. Ils ont massivement accompagné, au mieux de leurs moyens humains et matériels, les malades dans la lutte de leur organisme contre la maladie, ainsi que les mourants. Leur mobilisation et leur abnégation ont fait l’admiration de nous tous qui les applaudissions tous les soirs à 20 heures.
Parallèlement, hôpitaux, laboratoires et industrie pharmaceutique se sont mobilisés pour identifier au plus vite un traitement efficace au moyen de médicaments existants, en découvrir d’autres, ainsi qu’un vaccin, et développer des tests. Mais force est de constater que cela peut prendre un certain temps : le VIH a été identifié il y a 40 ans, il a fallu 15 ans pour disposer de traitements efficaces, et il n’y a pas encore de vaccin. Dans l’attente, la maladie n’a pas de solution médicale. Comme tout problème qui n’a pas de solution, c’est plutôt une fatalité avec laquelle il faut apprendre à composer.
Outre soigner les malades, il devient également rapidement nécessaire d’enrayer l’emballement de l’épidémie, qui à défaut provoquerait un nombre insupportable de morts, et saturerait rapidement les capacités d’accueil hospitalières bien qu’elles aient été sensiblement accrues.
C’est un dispositif sanitaire qui a été progressivement déployé, à partir du déclenchement du stade 2 de l’épidémie le 29 février : dans l’Oise où se trouve le principal foyer de contamination, fermeture des écoles des communes touchées, et interdiction des rassemblements. Interdiction des rassemblements de plus de 5.000 personnes en milieu fermé sur l’ensemble du territoire. Le 9 mars, tous les rassemblements de plus de 1.000 personnes sont interdits. Le 12 mars est décrétée la fermeture des crèches, écoles, collèges, lycées et universités. Le 13 mars, les rassemblements de plus de 100 personnes sont prohibés. Le 14 mars, le stade 3 est déclenché, et le 17 mars le confinement généralisé entre en vigueur.
Ce volet de limitation croissante des occasions de contacts a été complété par la mise en place progressive des gestes barrière, bien connus à présent, et des équipements associés. Il s’agit d’une part d’empêcher la transmission potentielle d’une personne à une autre, comme pour toute maladie transmissible, avec les moyens appropriés au cas d’espèce. Et d’autre part de protéger les personnes au contact. C’est ce dispositif sanitaire mis en place en urgence et ensuite ajusté qui a permis de casser l’épidémie.
La prise de conscience a simultanément émergé que la levée du confinement ne conduirait pas au retour à la normale, mais que devrait subsister un dispositif sanitaire adapté à la circulation du virus, jusqu’à ce que l’on dispose d’un traitement efficace reconnu ou d’un vaccin, ou que le virus s’évapore, en espérant éviter un rebond de l’épidémie.
Mais d’autres prises de conscience se sont faites parallèlement…
À suivre…
Réflexion n°1 : L’immunité de groupe ne serait-elle plus la solution aux épidémies ?
Régis de LAROULLIÈRE est ancien directeur général de MÉDÉRIC, et conseil en stratégie et gestion des risques
Jérôme CABOUAT est conseil de direction, spécialisé dans la dynamisation et la sécurisation des grands programmes de transformation
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